Climat : la COP22 est "le premier test de résistance à l'effet Trump", selon le directeur général du WWF France
L'élection du climato-sceptique Donald Trump à la tête des États-Unis inquiète les organisations écologistes. Invité de franceinfo, Pascal Canfin, directeur général de WWF France, a relativisé son impact tout en pointant l'insuffisance de l'accord de Paris.
La COP22, qui se déroule du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, doit concrétiser l’accord sur le climat signé à Paris lors de la COP21 l'année précédente. Mais l’élection de Donald Trump fait craindre un changement de la politique américaine dans la lutte contre le dérèglement climatique. Invité de franceinfo mercredi 16 novembre, Pascal Canfin, directeur général de WWF France, a estimé que les risques étaient limités, mais que l'accord de Paris était insuffisant.
franceinfo : Dans le contexte de la COP22, la conférence sur le climat à Marrakech, l'élection de Donald Trump vous inquiète-t-elle ?
Pascal Canfin : La COP22 est un peu le premier test de résistance de la communauté internationale à l’effet Trump. Est-ce que l'édifice allait s'écrouler ? Sincèrement, après les discours des différents chefs d’État, le discours de la Chine et du président de la République, on peut penser que l’édifice tient debout. C’est une bonne nouvelle parce qu'il y avait un risque d’effet domino : si les Américains se retiraient, la Chine se retirerait, l’Inde aussi et tout s’écroulerait. Ce n’est pas le scénario qui est train d’arriver. Le problème, c'est qu'on ne parle que de ça, de l'élection de Trump.
L'accord de Paris sera-t-il concrétisé à Marrakech ?
L’accord de Paris est absolument décisif mais encore insuffisant. Cela n'est pas assez pour atteindre la limite de deux degrés de réchauffement, donc il faut aller plus loin. Comme toute l’énergie politique est mise à contrer l’effet négatif et l’énergie négative de Donald Trump, on n’avance plus. L’accord de Paris est universel alors que l’accord de Kyoto [entré en vigueur en 2005] ne concernait que les pays riches. Quand c’est universel, vous avez la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil et personne n’a signé l’accord de Paris pour faire plaisir à Obama, donc personne ne va se retirer de l’accord de Paris pour faire plaisir à Donal Trump.
Il y a de grandes entreprises américaines qui sont déjà des leaders mondiaux sur la transition énergétique
Les États-Unis ont-ils vraiment les moyens de se retirer de l'accord de Paris ?
La situation américaine est beaucoup plus complexe qu’elle peut en avoir l’air depuis Paris. Les États-Unis, c’est un pays fédéral. Le pouvoir à Washington est très important mais il est loin de résumer tout ce qui se fait aux États-Unis. Si la Californie était indépendante, elle serait la sixième économie mondiale. La Californie n’a pas l’intention de renoncer à ses propres règles, qui sont bien plus progressistes que celles de Washington. Il y a de grandes entreprises américaines qui sont déjà des leaders mondiaux sur la transition énergétique et sur la jonction vers l’économie verte et l’économie numérique.
Ces entreprises américaines sont des acteurs mondiaux et pour elles, le marché américain est un marché parmi d’autres. Il y a des acteurs aux États-Unis qui vont faire contrepoids à Donald Trump. L’histoire n’est pas écrite. La Chine va devenir, avec l’Europe, je l’espère, le leader mondial de la lutte contre le dérèglement climatique. Ce n’est pas simplement une histoire de responsabilité morale, c’est surtout un enjeu d’opportunités économiques extraordinaires.
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