Polémique autour de la fille enceinte de la colistière de John McCain
Premier faux pas, belle parabole... ou petite partie de poker menteur entre candidats ? Les suites de “l'affaire Sarah Palin” donneront la mesure de cette péripétie de campagne.
_ A première vue, la grossesse de Bristol, la fille mineure de la colistière ultra-conservatrice et anti-avortement de John McCain pourrait paraître gênante pour le camp républicain. Les chrétiens conservateurs, électorat traditionnel de George Bush, risquent de ne pas beaucoup apprécier. Une jeune fille de 17 ans, célibataire, qui tombe enceinte... voilà qui ne cadre pas vraiment avec l'image de la famille idéale en vogue à la droite de l'échiquier politique américain.
Mais lorsqu'elle traverse une épreuve, Sarah Palin ouvre une bible. Et en l'occurrence, c'est peut-être bien là qu'elle a trouvé l'astuce pour faire avaler la pilule aux conservateurs : transformer la mésaventure en parabole de la “fille prodigue”. Car Sarah Palin a tendu la main à sa fille fautive. Dans un communiqué de presse, elle annonce que Bristol va garder le bébé et épouser le père. “Nous sommes fiers de la décision de Bristol de garder le bébé et encore plus fiers de devenir grands-parents”, écrivent ensemble les parents de Bristol, Sarah et Todd Palin. Pour compléter le tableau de ce “grand pardon”, elle précise que John McCain a proposé à Sarah Palin de devenir sa colistière en sachant parfaitement que sa fille était enceinte.
Comme dans “Primary Colors” ?
En face, dans le camp démocrate, l'histoire n'est pas passée inaperçue. Mais dès sa révélation publique, Barack Obama s'est empressé d'étouffer dans l'oeuf toute tentative d'exploitation politique de la grossesse de Bristol. “Notre équipe n'a été impliquée d'aucune manière dans ceci, et elle ne le sera pas. Et, si jamais je pensais qu'il y avait quelqu'un dans mon équipe qui était impliqué dans une chose comme celle-là, il serait limogé”. Le sénateur de l'Illinois a aussitôt récité son crédo en la matière : il condamne fermement toute exploitation de rumeurs touchant les enfants des candidats et de leurs collaborateurs. Mais l'affirmation de cette posture morale n'est pas totalement désintéressée, car le candidat démocrate évite peut-être aussi de tomber dans un piège politique. En attaquant une famille qui a su surmonter ses déchirements pour rester unie, il aurait risqué d'endosser le rôle du “méchant”, cynique et prêt à piétiner ses valeurs pour déstabiliser son adversaire, comme le candidat du film “Primary Colors”. Sauf qu'à la fin de ce film, le candidat en question remporte l'élection.
Les candidats à la présidentielle américaine et leurs colistiers © Idé
Grégoire Lecalot, avec agencesOeuvres liées
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