"Il est temps de nous donner réparation" : pour la famille Quander, dont les ancêtres ont connu l’esclavage, le combat des Noirs américains n'est pas terminé
Les États-Unis commémorent le "Juneteeth", la date du 19 juin 1865, considéré par les historiens comme le jour de l’abolition de l’esclavage dans ce pays. Après la mort de George Floyd, ces commémorations prennent cette année un relief très particulier, encore plus pour la famille Quander, l’une des plus anciennes familles afro-américaines.
Rohulamin Quander nous reçoit dans son jardin de Brookland à Washington, aux États-Unis. Ce juge à la retraite, âgé de 76 ans, a pu documenter l’histoire de sa famille et remonter jusqu’à la fin du 17e siècle. "Notre famille, à l’origine, vient du Ghana, en Afrique de l’ouest, raconte-t-il. Des années plus tard, George Washington avait 317 esclaves dans sa résidence de Mount Vernon. Plusieurs d’entre eux étaient des ancêtres de la famille Quander."
"Être Noir en Amérique reste un défi"
L’histoire des Quander se confond avec celle des États-Unis : l’émancipation en 1865, la ségréqation jusqu’en 1964, puis le combat pour les droits civiques. Aujourd’hui, la famille Quander a des rues à son nom et même une école dans l’état voisin de Virginie. Mais pour l’ancien juge féru de généalogie, le combat des Noirs américains n’est pas achevé. "Le meurtre de George Floyd, ou plutôt je devrais dire son martyr, a tellement marqué les gens, et les Afro-américains, qu’on peut penser aujourd’hui qu’il va y avoir un changement, explique-t-il. On ne pourra jamais revenir à la situation précédente. Mais malgré tout, être Noir en Amérique reste un défi."
Il y a encore la peur d’être interpellé, d’être assassiné, la pauvreté aussi.
Rohulamin Quanderà franceinfo
Alors pour résorber les inégalités, il est temps selon lui de penser à verser des réparations aux descendants d’esclaves. "Cette question des réparations est évoquée quasiment depuis la fin de l’esclavage, raconte l'ancien juge. Ici à Washington, les Noirs américains ont construit le Capitole, la Maison-Blanche, les résidences présidentielles. Et nous n’avons rien eu en retour. Donc oui, il est temps de nous donner réparation."
Rohulamin Quander souhaite que la mobilisation de ces dernières semaines se traduise dans les urnes en novembre prochain, et il espère que l'élection amènera à la vice-présidence une Afro-américaine aux côtés du démocrate Joe Biden.
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