Menace de shutdown aux Etats-Unis : "C'est du théâtre et du pouvoir interne" aux partis démocrate et républicain, estime un spécialiste
Dans quelques heures, les Etats-Unis pourraient vivre une nouvelle situation de "shutdown", une paralysie de l'administration fédérale causée par l'impossibilité entre démocrates et républicains du Congrès à s'entendre pour faire adopter la loi de finances qui prolonge, tous les ans, le budget de l'Etat fédéral.
Plusieurs éléments motivent les deux partis, estime Lauric Henneton, maître de conférences à l’université de Versailles Saint-Quentin : "Je pense que tout le monde a plus ou moins envie d'y aller pour blâmer l'autre côté. Il y a beaucoup de théâtre là-dedans. (...) Il y a la réélection de tous ces représentants et c'est ça le véritable enjeu, en réalité. C'est une question de pouvoir au sein de la Chambre. Ils s'en fichent complètement que les fonctionnaires fédéraux soient payés ou pas et que les parcs [nationaux] soient ouverts ou pas. C'est du théâtre et du pouvoir interne."
Côté républicain en particulier, "le groupe à droite de la droite à l'intérieur du parti républicain, de toute façon, n'a rien à perdre là-dedans et joue une espèce de politique de la terre brûlée et a besoin de ça." Lauric Henneton parle même de "jusqu'au boutisme totalement exacerbé".
Un compromis avec les démocrates ?
"Les républicains sont très divisés entre une toute petite faction très radicale qui pousse la position traditionnelle des républicains, l'orthodoxie budgétaire, à un niveau qui est au-delà du compromis. Donc il y a un certain nombre de républicains qui sont un petit peu pris entre deux feux. Est-ce qu'il faut en gros faire un compromis avec les démocrates ?", précise-t-il. Pour ces élus républicains, le risque est d'être vu comme celui qui va se compromettre, "apparaître faibles, comme des traîtres, des républicains factices."
Il faudra, quoiqu'il arrive, trouver un accord "dans la mesure où il n'y a pas de 49.3" aux Etats-Unis : "À un moment quelqu'un, parmi les républicains a priori, va devoir faire des concessions."
"Il y a un moment où quelqu'un, quelque part, va devoir cligner des yeux. On est comme dans la scène finale de 'Le Bon, la Brute et le Truand' [film de Sergio Leone sorti en 1966], où c'est le premier qui cligne qui a perdu.
Lauric Hennetonà franceinfo
"Ce qui devrait se produire a priori, c'est que des républicains plus modérés que les autres vont s'entendre avec les démocrates et peut être sacrifier Kevin McCarthy [président républicain de la Chambre des représentants] au nom de l'intérêt général, parce que ça ne peut pas durer éternellement, bien sûr."
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