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Les sondeurs se méfient des sondés

Si les instituts de sondages américains prédisent tous une victoire du démocrate Barack Obama face au républicain John McCain, la plupart reconnaissent qu'ils sont confrontés à une inconnue de taille : l'importance du facteur racial dans le choix des électeurs.
Article rédigé par franceinfo
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Le 4 novembre, les Etats-Unis pourraient vivre un moment historique en élisant pour la première fois de leur histoire un président noir. Le scénario semble crédible, à en croire les récentes enquêtes d'opinion. Selon le dernier sondage quotidien Reuters/C-SPAN/Zogby publié aujourd'hui, le candidat démocrate devance son rival républicain de cinq points : Barack Obama recueille 48% des intentions de vote contre 43% à John McCain, soit un écart d'un point supérieur à celui d'hier (48% contre 44%).

Mais même si Obama caracole en tête des intentions de vote, les sondeurs avouent être face à un phénomène inédit dans l'histoire des enquêtes. Cette élection est en effet "très difficile à prédire parce qu'on ne peut pas utiliser les modèles statistiques normaux", estime Steffan Schmidt, professeur de sciences politiques à l'Université de l'Iowa. En d'autres termes, c'est le facteur racial qui inquiète les instituts de sondage.

Effet Bradley-Wilder ?

Ils craignent en effet que le candidat démocrate ne soit victime de ce que les observateurs américains appellent "l'effet Bradley-Wilder". Selon cette théorie, la plupart des électeurs blancs diraient au sondeur qu'ils soutiennent Obama par crainte de paraître racistes. Mais une fois dans l'isoloir, ils laisseraient leur intime conviction s'exprimer et voteraient pour le candidat blanc, McCain. L'avance de Barack Obama dans les sondages pourrait donc s'évaporer le jour de l'élection, comme ce fut le cas, en d'autre temps, pour d'autres candidats afro-américains, Tom Bradley et Doug Wilder.

L'ancien maire noir de Los Angeles, Tom Bradley, avait en effet perdu la course au poste de gouverneur de l'Etat en 1982 contre son opposant blanc, alors que les sondages le donnaient vainqueur. De même, en 1989, un candidat noir, Doug Wilder, avait remporté de justesse le poste de gouverneur de Virginie, alors que les sondages lui donnaient une confortable avance de 10%.

"Nous savons que la race est prise en considération. A quel point, ce n'est pas clair. Mais une marge de 2 à 4% peut faire la différence", souligne Carroll Doherty, directeur associé du Centre de recherches Pew. Cette faible marge avait suffit, il y a quatre ans, à faire réélire George W. Bush.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

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