Législatives à Cuba: le suspense Castro
C'est une farce, un scrutin sans surprise, puisque le nombre de candidats est strictement égal au nombre de postes de députés à pourvoir, dans un processus électoral sans concurrence, placé sous la direction du PC, parti unique. Plus de 8,3 millions de Cubains sont appelés aux urnes pour désigner pour cinq ans les 614 députés de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire. Une fois élu, le nouveau parlement aura 45 jours, soit jusqu'au 5 mars, pour désigner les 31 membres du Conseil d'Etat (gouvernement), lequel choisira son président, chef de l'Etat. Les Cubains sont habitués : depuis près de 50 ans, ces élections se font sans campagne, sans enjeux et sans dispute. Mais cette année, il y a quand même une once de suspense : le candidat Fidel Castro, convalescent depuis 18 mois, sera t-il reconduit à la tête de l'Etat ?
A 81 ans, le "Lider maximo" n'a plus été vu en public depuis le 26 juillet 2006. Quelques jours plus tard, il confiait "provisoirement" les rênes du pouvoir à son frère Raúl, compagnon d'arme depuis 1959 et les débuts de la révolution cubaine. Le mois dernier, pour la première fois, Fidel Castro déclarait qu'il ne s'accrocherait pas au pouvoir, ni ne barrerait la route à une direction rajeunie. Plus récemment, il reconnaissait n'être pas assez rétabli pour participer à la campagne électorale et parler en public.... même si le président brésilien Lula l'a pour sa part trouvé en pleine forme.
Pour la plupart des analystes, la décision de l'Assemblée sera d'abord celle de Fidel Castro lui-même sur son avenir politique. En un demi-siècle de pouvoir sans partage, le "Commandante en Jefe" incarne une personnalisation à outrance des responsabilités. Sa mise en retrait n'a donné lieu à aucun réel bouleversement, Raúl continuant à mener docilement la politique de son aîné, consulté sur toutes les décisions. Chef de l'Etat et du parti communiste, Fidel pourrait choisir de céder une de ces deux fonctions, mais devrait conserver un rôle d'arbitre et de guide suprême que personne, au sein de la direction cubaine, ne songerait à lui contester. Si Raúl Castro est confirmé comme président du Conseil d'Etat à la place de son frère, Fidel continuerait à tirer les ficelles du pouvoir, se consacrant aux grandes orientations et laissant à son cadet la gestion des affaires courantes.
Le suspense pourrait prendre fin le 24 février, date de la convocation de la nouvelle Assemblée élue, comme l'a annoncé Raúl Castro cet après-midi dans une allocution télévisée.
Anne Jocteur Monrozier
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