Le poids grandissant de l'électorat hispanique
L'irrésistible ascension d'une communauté
Désormais, lorsqu’ils visitent Miami (Floride), tout candidat à la présidentielle digne de ce nom introduit toujours son discours par quelques mots d’espagnol. Il faut dire que comme la Californie, le Texas et New York, la Floride, l’un des Etats les plus peuplés et les plus importants électoralement des Etats-Unis, est aussi l’un de ceux où vit une importante communauté hispanique.
Selon les dernières données statistiques, les latinos représentent 50,5 millions d'Américains (sur une total de 308,7 millions). Entre 2000 et 2010, leur communauté a augmenté de 43 %, quatre fois plus que les autres. Selon certaines estimations, elle pourrait atteindre, en 2050, 30 % de la population américaine.
En clair, les citoyens parlant espagnol ne constitueront bientôt plus une minorité. L’idiome de Cervantès est d’ailleurs déjà la seconde langue officielle en Floride ou en Californie. Et à Miami et en Floride du Sud, le pouvoir économique, politique et médiatique appartient à des citoyens d’origine cubaine. Mais d’une manière générale, les latinos restent souvent défavorisés: en 2010, 39,1 % des enfants noirs et 35 % des petits hispaniques vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 12,4 % des jeunes blancs.
La pêche aux électeurs latinos
Quoi qu’il en soit, les hommes politiques américains ont bien compris l’intérêt de courtiser le vote de la communauté latino. C’est notamment le cas des deux favoris à l’investiture républicaine pour la Maison blanche, Mitt Romney et Newt Gingrich. Le second publie chaque semaine un bulletin en espagnol et n’hésite pas à accuser son adversaire d'être «anti-immigration». Un thème ultra-sensible pour les hispaniques, les clandestins étant souvent originaires d’Amérique latine. Pour autant, dans certains Etats comme le Nevada, les républicains n’hésitent pas à utiliser le thème de l’immigration illégale pour faire peur : ils montrent ainsi des spots télévisés où l’on voit des jeunes latinos enjambant en pleine nuit des clôtures.
De leur côté, les démocrates s’efforcent eux aussi de s’attirer les bonnes grâces des citoyens hispanophones. En 2009, Barack Obama a ainsi nommé pour la première fois à la Cour suprême une juge d’origine latino (en l’occurrence) portoricaine, Sonia Sotomayor. Et en juin 2011, il fut le premier locataire de la Maison blanche en exercice à effectuer une visite à Porto Rico depuis John Kennedy (qui s’y était rendu en 1961).
Les démocrates ont d’autant plus de raisons de continuer à courtiser les hispaniques que selon une enquête du centre de recherches Pew Hispanic Center, 68 % des électeurs interrogés issus de cette communauté ont l’intention de voter pour le président sortant.
Un électorat jeune et concentré dans certains Etats
Caractéristique de cet électorat: il est composé de jeunes «ce qui explique la tendance historiquement basse à participer » à des scrutins, relève le Pew. Une tendance qui pourrait favoriser les républicains.
Autre caractéristique, le vote hispanique se concentre dans certains Etats : la moitié des latinos vivent ainsi en Californie (17 % de l’électorat) et au Texas (17 %), au poids politique important. Ils pourraient ainsi faire pencher la balance lors des élections de sénateurs ou de gouverneurs…
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