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L’Amérique d’Obama vue par Marie Drucker

Alors que la campagne pour la présidentielle américaine tire à sa fin, Marie Drucker ramène un témoignage de l’Amérique d’Obama dans un documentaire qu’elle a coréalisé avec Grégoire Deniau et Stéphane Dubun. Diffusion le 31 octobre et le 1er novembre à 20h45 sur France O, et le 5 novembre à 23h sur France 2.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marie Drucker et les musiciens de Hot 8 Brass Band à la Nouvelle-Orléans (2012). (Stéphane Dubun)

La journaliste a posé ses valises à la Nouvelle-Orléans, Baltimore, Atlanta et Washington. Elle y a rencontré des membres de la communauté noire-américaine, celle qui avait permis l’élection de Barack Obama en 2008.

Marie Drucker s’est immergée dans leur quotidien, au plus près de leurs préoccupations, dans cet est-américain, où elle a fait des «rencontres inattendues», de «gens charmants, heureux de parler et de voir que la France s’intéresse à eux». Elle leur doit ses meilleurs moments. «C’est le fil rouge du voyage qui l’a permis».

La réalité sans fard
Mais au-delà du miroir, ce qui a frappé la journaliste, «c’est la misère qui se dégage de toutes les villes». Des images de «quart-monde, alors que les Etats-Unis sont la première puissance économique» de la planète.

Un constat «très violent» qui a pu être filmé sans fard, sans floutage et sans restriction, une fois les autorisations délivrées par les autorités à l’arrivée de l’équipe sur le sol américain : en effet, celle-ci les avaient attendues en France, en vain, durant six mois, avant le début de son périple outre-Atlantique.

Les stigmates de Katrina à la Nouvelle-Orléans
Quand on lui demande ce qui l’a le plus marqué à la Nouvelle-Orléans, sept ans après le passage de l’ouragan Katrina, elle répond sans hésiter : même si la reconstruction est toujours en cours et si la plupart des habitants n’ont toujours pas de toit, «ceux qui ont été relogés sont heureux. La foi les porte, ils sont plein d’espoir.» Ils estiment que «Dieu a fait ce qu’il fallait».

«Si on peut s’étonner qu’il y ait encore beaucoup à faire, eux estiment que "ce sont des remarques de Français", qu’ils voient comme des assistés !»

Changement de décor à Baltimore

  (Stéphane Dubun)
 

Marie Drucker a sillonné avec la police les rues d’Eastern Distric, un des quartiers chauds de la ville. Mais à aucun moment, elle n’a pu s’imaginer dans un épisode de The Wire, célèbre série de HBO qu’elle adore. «Il n’y avait plus le filtre de la fiction. C’était la réalité. Une réalité où la violence est banalisée.»

Quand elle interviewe Donnie Andrews, l’homme qui a inspiré le personnage d’Omar dans la série, elle rencontre celui qui fut l’ennemi public N°1, arrêté au bout d’un an de traque policière pour meurtre, et qui a donné tous ses contacts. Condamné à une lourde peine, il refusera de quitter Baltimore, comme le lui proposait la police pour assurer sa protection. Libérable au bout de 10 ans, il fera ses 18 ans, estimant qu’il payait ainsi sa dette à Baltimore, sa ville natale.

Dans les pas de Martin Luther King à Atlanta
Autre rencontre extraordinaire, celle avec Bernice King, une intellectuelle «figure vénérée de la communauté noire ». Pasteur comme Martin Luther King, son père, Bernice en «perpétue la pensée et la philosophie».

«On a eu une vraie exclusivité en tournant dans la maison de Martin Luther King. C’est la première fois que les images de l’intérieur de la maison du pasteur seront montrées», précise Marie Drucker.

Et au bout de la route, Washington

Dans la prison de Washington DC, les prisonniers bénéficient de nombreux ateliers et d'une certaine facilité de mouvement au sein de l'établissement. (Stéphane Dubun)

La dernière étape conduit l’équipe à la prison de Washington DC. «S’ils bénéficient d’un régime moins strict qu’ailleurs, «ils vivent à deux dans 4m² avec un confort minimum.» Toutefois, dans la journée, «les cellules sont ouvertes et ils peuvent participer à des ateliers comme celui animé par Symendy (contre la violence conjugale, NDLR)», souligne la journaliste.

Le revers de la médaille, c’est un animateur, ayant lui-même purgé vingt ans de prison, qui en parle. Selon cet homme, l’impression de relative de liberté au sein de l’établissement n’amène pas les condamnés à réfléchir à ce qu’ils ont fait. Ils y reviennent souvent «jusqu’au jour où ils prennent 20 à 30 ans et atterrissent dans un univers carcéral impitoyable» et s’y voient mourir.

Et l’élection américaine ?
Toutes ces histoires de vie, Marie Drucker les raconte dans deux films de cinquante-deux minutes. A-t-elle autre chose à ajouter ? Qu’à la Nouvelle Orléans et à Atlanta, les personnes rencontrées sont acquises au vote Obama. Qu’à Washington et Baltimore, les préoccupations sont plus économiques. Et que l’élection s’y jouera sur ce thème.

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