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Folie pétrolière au Dakota du Nord

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Le gisement du Bakken, dans le Dakota du Nord, n’en finit pas de faire la Une des médias depuis la ruée vers l’or noir de 2008.

Si la découverte de pétrole de schiste est une manne pour les compagnies qui l’exploitent et des milliers d’Américains, les défenseurs de l'environnement tirent le signal d’alarme.
 
En 2020, les Etats-Unis devraient devenir le deuxième producteur mondial de brut. Le pays pourrait alors ne plus dépendre de ses importations comme aujourd’hui.
 
Le photojournaliste Andrew Burton a réalisé un reportage sur le Dakota du Nord pendant une semaine en juillet 2013.

Quarante photos de son travail illustrent ce propos. 

les réserves de pétrole du gisement de Bakken ont été découvertes en 1951. Mais il a fallu attendre 2008 et les nouvelles techniques de forage par fracturation hydraulique (le fracking, technique utilisée aussi pour le gaz de schiste) pour que cet état agricole de 750 000 âmes se transforme en une nouvelle Terre promise.
 
Devenu le deuxième état pétrolier du pays derrière le Texas, c’est à Williston, une petite bourgade rurale que les signes de cette nouvelle ruée vers l’or sont les plus visibles. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Les installations pétrolières, presque aussi nombreux que les fermes, ont remplacé les tracteurs.
 
Au Dakota du Nord, de nombreux paysans se sont enrichis en vendant leurs sous-sols aux compagnies pétrolières mais gardent la jouissance du sol de surface. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
par plus de 200 plates-formes et 6000 puits.
 
Vingt millions de barils de pétrole sont extrait de la roche de schiste chaque mois. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
font désormais partie du décor. Ils permettent d’extraire le pétrole à partir des puits.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
pompent environ 800 000 barils par jour, soit 11 % de la production américaine. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
ont triplé au cours des trois dernières années.
 
Jour et nuit, des centaines de feux brillent dans les champs.
 
Elles sont installées lorsque les gaz excédentaires sont libérés par des soupapes de décompression lors du forage pétrolier. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
essayent de réduire le brûlage de gaz, près de trois millions de m3 cubes de gaz naturel sont brûlés chaque jour.
 
Le gaz extrait en même temps que le pétrole est moins rentable. Mais il est considéré comme un déchet et les foreurs préfèrent le brûler.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
coûte aux compagnies trois à quatre millions de dollars par jour.
 
Les pouvoirs publics sont de plus en plus sollicités pour le réduire cette technique naturel est un gâchis économique énorme. De plus elle pollue l’atmosphère.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
aiment venir pêcher le long des rives de la rivière Missouri. Tous deux originaires de la région, ils ont vécu l’extraordinaire boom démographique que la ville de Williston a enregistré ces dernières années.
 
En à peine 5 ans, entre 2008 et 2013, la ville est passée de 12.000 à 30.000 habitants. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
sur un champ de colza qui va être utilisé pour de nouvelles constructions. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
De nombreux immeubles sont construits tous les jours car la pénurie de logements reste un gros problème pour les nouveaux arrivants.
 
Mais les loyers, de plus en plus élevés, obligent certains à se loger dans des «camps d’hommes» (man camps). (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Les immeubles sont à peine terminés que tous les appartements sont loués en quelques heures.
 
Des mesures incitatives sont offertes à ceux qui désirent s’implanter à Williston avec leurs familles.

Dans ce contexte, des millions de dollars sont dépensés pour la construction de nouveaux logements et la modernisation des infrastructures (routes…).
Si les terrains pour camping-cars et les camps d’ouvriers sont pris d’assaut, les hôtels peuvent représenter une solution passagère pour les nouveaux arrivants.
 
Mais le prix d’une chambre d’hôtel est très élevé (200 $ la nuit) et la plupart affichent souvent complet.
 
Même se garer coûte très cher : une place de parking peut se négocier à 1200 dollars par mois. Aussi cher qu’un studio à Manhattan. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Mais leurs prix ne cessent de grimper.
 
Une maison en préfabriqué à se loue 1500 dollars par mois, même si elle est située à une trentaine de kilomètres de la ville
 
La location d’un logement de quatre à cinq chambres varie de 4500 $ à 6000 $ par mois.

 (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
et les parcs de maisonnettes en tôle se sont multipliés à la lisière de la ville.
 
Montées en toute hâte, des centaines de baraques identiques s’alignent dans ces «man camp». Le loyer, avec demi-pension, peut atteindre 2400 $ par mois.
 
Dans ces immenses champs de caravanes, l'eau courante n’est pas installée et les sanitaires se sont installés dans un bâtiment communal à proximité. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
sont parfois le seul endroit où les nouveaux arrivants peuvent se loger.
 
Au cours de l’hiver 2013, plusieurs personnes ont été retrouvées mortes de froid à l’intérieur de leurs véhicules. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
dans le restaurant de fortune d’un camp de travailleurs.
 
Les femmes ne sont pas présentes sur les plateformes. La plupart n’ont d’ailleurs pas suivi leurs compagnons et celles qui l’ont fait, travaillent dans la restauration, le secteur de la santé ou les services.
 
Il ne faut que trois heures pour se faire embaucher quelque part. Autre avantage, les emplois sont bien rémunérés. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Le parking de l’hypermarché est souvent un lieu de rendez-vous pour ceux qui viennent d’arriver.
 
La demande est telle que le personnel ne prend plus la peine de ranger les produits dans les rayons. Les clients se servent directement sur les palettes.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
tenues indispensables pour ceux qui travaillent sur les plateformes, se vendent comme des petits pains. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
un ouvrier travaille avec l’équipe qui extraie le liquide issue du fracking, mélange d’eau, d’huile de pétrole, de boue et de produits chimiques.
 
Le pétrole de schiste représente un tiers de la production d’hydrocarbures aux Etats-Unis.
Chaque jour, 14.000 nouveaux emplois sont créés à Williston. Le taux de chômage y est de 1%, le plus bas des Etats-Unis.
 
Un ouvrier peut être embauché avec un salaire de 8000 dollars par mois. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
ne sont pas exceptionnels sur une plateforme car la sécurité y est souvent précaire.
 
Il n’est pas rare que des salariés se sectionnent un membre lors d’une fausse manœuvre. Le service d’urgence de l’hôpital local enregistre 400 admissions par mois.
 
Les accidents sur les plateformes ont progressé de 200% entre 2008 et 2013. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
«Je travaille sur un derrick. C’est extrêmement physique et dangereux. En cas d’inattention, on perd vite un doigt, un bras, voire même la vie…Chaque matin, je signe un papier légal, le Job Safety Analysis (Analyse de la Sécurité au Travail). Il y a quelques mois toutefois, l’un de mes colocataires a été frappé par une lourde chaîne. Il est décédé dans l’hélicoptère qui le transportait.» (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
exposés à des produits chimiques toxiques, ont également des problèmes de santé.
 
C’est dans ce secteur industriel que l’on trouve le plus grande nombre de décès lié à l’environnement professionnel. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
est heureux de travailler sur une plateforme. Malgré les risques de son métier.
 
Nombre de ceux qui sont venus travailler ici se trouvaient dans une situation très difficile: sans emploi, parfois sans domicile… Grâce au pétrole de schiste, ils peuvent se refaire une santé financière en quelque mois.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
vérifient le bon fonctionnement des équipements et assurent le bon déroulement des opérations.
  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
inquiète les défenseurs de l’environnement. De leur côté, les agriculteurs craignent que leurs terres soient irrécupérables.
 
Une très grande quantité d’eau mélangée à des produits chimiques se répand lors des opérations de forage.
 
L’élimination des eaux usées et des déchets est une préoccupation majeure.
 
«La pollution environnementale ne provient pas de la fracturation elle-même, mais de ce qui 
se passe avant et après», notamment lors du transport et du stockage des énormes quantités
de déchets chimiques générées par l’activité, déclare au Monde Diplomatique Anthony Ingraffea, professeur en ingénierie à l’université Cornell (État de New York).

Pourtant, on peut se demander si l’activité est vraiment neutre. Comme le raconte le mensuel français, certaines vaches de Williston maigrissent et… perdent leur queue. Pour autant, les autorités préfèrent regarder ailleurs. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
sont sortis des sols du Dakota du Nord en juillet 2012.
 
Cet Etat s’est placé à la deuxième place (derrière le Texas) des Etats des USA producteurs de pétrole. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
on estimait que le gisement de Bakken contenait 150 millions de barils de pétrole. 
 
En 2008, l’Institut d'études géologiques des États-Unis estimait les réserves à 3,65 milliards. Aujourd’hui, les scientifiques avancent le chiffre de 7,4 milliards.
 
D’autres études pensent que 24 milliards de barils de pétrole seraient plus proche de la vérité. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
acheminent 90% des produits pétroliers aux Etats-Unis.
 
Mais en raison de la difficulté d’évaluer l’état des réserves de pétrole de schiste dans le Dakota du Nord, les entreprises rechignent à investir dans la construction de pipelines et privilégient le chemin de fer. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
transporte les deux tiers de la production du Dakota du Nord.
 
Mais le drame de Lac-Megantic au Québec, le 6 juillet 2013, a remis sur le devant de la scène le problème des transports de produits dangereux par rail. Ce jour-là, un convoi ferroviaire de 72 wagons-citernes de pétrole brut, venu du Dakota du Nord, a explosé, tuant 47 personnes.
 
À la fin de 2012, 800 000 barils/jours de pétrole de Bakken prenaient le train. Dix fois plus qu’en août 2011.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
sillonnent les routes de Williston chaque jour
 
Pourtant, le transport du pétrole par la route pose un problème à toute la région car le gisement de Bakken est situé à des milliers de kilomètres des raffineries.

Les chauffeurs de camion peuvent gagner jusqu’à 10.000 euros par mois.
sont venus faire fortune dans la région. Ils ont laissé femmes et enfants en Arizona.
 
Ils vivent avec leurs deux autres frères dans leurs caravanes. Quand arrivent leur unique jour de repos de la semaine, ils aiment sortir leurs instruments de musique.
 
Pour éviter que la violence n’explose dans ces camps exclusivement masculins, alcool,  drogue et armes à feu sont interdits.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
originaire de Californie, vient se distraire dans un bar de Williston. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Beaucoup de femmes sont attirées par les salaires élevés qu’offrent les entreprises.
 
Il y a cinquante fois moins de femmes que d’hommes dans la ville.
 
D’une manière générale, la prostitution s’y développe et les deux clubs de striptease font salle comble.
 
Les filles qui y travaillent peuvent gagner 2000 dollars par soir. Elles y restent quelques mois rentrent chez elles avec beaucoup d’argent. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
Un nouveau centre de loisirs devrait voir le jour très prochainement à Williston. Sa construction coûtera 70 millions de dollars. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
La ville espère pouvoir garder les travailleurs venus s’installer avec leurs familles.
 
Pour les inciter à rester, elle a construit des routes, des écoles et des hôpitaux, en partenariat avec les compagnies pétrolières. (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
des ouvriers du pétrole, le portefeuille bien rempli, finissent leurs journées dans les bars après 18 heures de travail.
 
L’alcool, la drogue et son  cortège de violence sont en nette progression dans la région.
 
«Les conduites en état d'ivresse ont augmenté de 77 %, les appels d'urgence de 260 %, les plaintes pour crime de 31 %», explique Amy Nickoloff, détective au Police Department de Williston.  (Andrew Burton / Getty Images / AFP)
secourent une femme blessée lors d’une bagarre.
 
Les femmes sont souvent victimes de harcèlement sexuel.
Mais les raffineries du Dakota du Nord, elles, ne dorment jamais.   (Andrew Burton / Getty Images / AFP)

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