Bush, "repenti" de l'économie de marché
Pendant des années, George W. Bush a rabaché que le rôle économique du gouvernement devait se restreindre à créer un environnement favorable à la libre entreprise... Mardi, il faisait un aveu qui aurait paru incongru quelques mois plus tôt: "J'ai abandonné les principes de l'économie de marché pour sauver le système d'économie de marché" .
Aujourd'hui, le président américain sortant a poursuivi une série d'interventions choc de l'Etat fédéral dans l'économie privée en annonçant une aide publique de 17,4 milliards de dollars en faveur de deux des symboles de cette économie, le géant automobile General Motors et son concurrent Chrysler.
Des interventions imposées, selon le président américain, à son gouvernement par des circonstances économiques extraordinaires et le souci qu'il prend de l'état dans lequel Barack Obama trouvera les Etats-Unis quand il lui succèdera le 20 janvier.
"Dans des circonstances économiques ordinaires", abandonner les constructeurs automobiles à leur sort serait "le prix que ces sociétés doivent payer à leurs échecs, et je ne préconiserais pas d'intervenir", a-t-il déclaré, "mais ce ne sont pas des circonstances ordinaires". La crise immobilière des "subprimes" a en effet débouché sur la pire crise financière qu'ait connue les Etats-Unis depuis 1929 : l'économie est désormais officiellement en récession et le taux de chômage a atteint son plus haut niveau depuis 15 ans.
Selon l'administration Bush, laisser l'industrie automobile aux prises avec les lois de l'économie de marché serait prendre le risque d'une probable mise en liquidation, d'un nouveau choc infligé aux marchés et de la disparition d'emplois directs et indirects chiffrés à plusieurs millions.
C'est un risque qu'il faut courir, continuent à dire ceux qui se considèrent comme les tenants de l'orthodoxie économique américaine. En moins d'un an, ces "ultras" ont vu l'Etat voler au secours de la banque d'affaires Bear Stearns, mettre sous tutelle les géants du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, quasiment nationaliser l'assureur AIG. Ils ont aussi vu le gouvernement négocier avec leurs adversaires, les démocrates majoritaires au Congrès, un plan de 150 milliards de dollars pour stimuler l'économie, puis un autre de 700 milliards de dollars censé relancer un système financier paralysé et avec lui la consommation et l'investissement.
Impensable il y a quelques mois, dans un pays où la candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin accusait Barack Obama de tentation socialiste ! "Les temps sont durs quand on croit à l'économie de marché" , a conclu cet après-midi leur ancien leader.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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