Betancourt : les Farc dénoncent la "trahison" de deux des leurs

Les guerilleros marxistes ont-ils tous été surpris de l'opération de sauvetage des otages menée par l'armée colombienne ? Bogota l'affirme. Mais les Farc donnent une autre version : dans un communiqué signé par le secrétariat de la guérilla et diffusé sur le site de l'Agence bolivarienne de presse, les Farc affirment avoir été "trahis" par deux des leurs. Et pas n'importe lesquels : les deux gardiens d'Ingrid Betancourt et des quatorze autres otages.

"L'évasion de quinze prisonniers le 2 juillet est la
conséquence directe du comportement méprisable de Cesar et
Enrique, qui ont trahi leurs idéaux révolutionnaires et la
confiance que nous avions placée en eux."

Gerardo Aguilar, alias "Cesar", et Alexander Farfan, alias "Enrique" ou
"Gafas", étaient les deux principaux responsables des Farc chargés de
surveiller les otages. Ils ont été fait prisonniers lors de l'opération militaire héliportée colombienne et doivent être prochainement extradés aux Etats-Unis.

Les gardiens des otages achetés ?

Ont-ils été achetés ? La Radio Suisse Romande avait affirmé quelques jours après la libération d'Ingrid Betancourt que des membres des Farc avaient touché quelque 20 millions de dollars pour libérer les otages.
_ Une version démentie par Bogota, mais aussi par la Franco-Colombienne : le commandant Enrique était pour Ingrid Betancourt "un homme d'une méchanceté et d'une cruauté vraiment spéciale. Lorsque je l'ai vu poings et pieds liés au sol avec les yeux bandés, l'expression de son visage, de sa bouche, ce n'est pas quelqu'un qu'on a acheté. Il était humilié".

En revanche, son ex-mari Fabrice Delloye n'excluait pas une
telle éventualité : "Il n'est pas exclu qu'il y ait eu un accord avec des membres des Farc qui auraient négocié en secret leur reddition mais rien ne
le prouve."

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie se disent par
ailleurs toujours prêtes à négocier avec le gouvernement un
échange entre leurs otages restants et leurs membres détenus par
les autorités colombiennes.

Quant à Ingrid Betancourt, elle se trouve actuellement à Lourdes. Elle doit s'y recueillir ce samedi avec sa famille.

L'heure à la réconciliation entre la Colombie et le Vénézuela

Du côté de la diplomatie, la libération d'Ingrid Bétancourt et de 14 autres otages des Farc a permis d'apaiser les tensions entre les deux pays voisins. Alvaro Uribe et Hugo Chavez se sont entretenus hier soir à l'occasion d'un sommet au Vénézuela. Deux heures de tête à tête entre les deux président colombien et vénézuélien et à l'issue de l'entretien, Hugo Chavez a déclaré qu'"une nouvelle étape avait commencé et que la page était tournée".

Céline Asselot et Edwige Coupez