"J’aimerais me dire que l’unité nationale existe encore" : le 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre, entre recueillement et amertume
Au lendemain des cérémonies d’hommage aux victimes des attentats du 11-Septembre, les Américains s’interrogent sur les leçons à tirer de cette tragédie. Les divisions dans le pays, la débâcle en Afghanistan, ont donné une tonalité particulière à ce 20e anniversaire.
La journée a été déprimante, commence par résumer Elliott, au lendemain de l'hommage national rendu samedi aux quelques 3 000 personnes tuées il y a 20 ans dans les pires attentats de l'Histoire des Etats-Unis. "Cette cérémonie a rouvert mes blessures", confie-t-il derrière ses lunettes noires.
Pourtant, Elliott assiste chaque année aux commémorations des attaques terroristes du 11 septembre 2001. "Je viens tous les ans car j’ai perdu trois membres de ma famille, mon petit frère, mon beau-frère et mon cousin qui était pompier", raconte-t-il. Aujourd'hui, ce triste anniversaire est doublement douloureux pour lui : "D’un côté, il y a ceux qui ont péri et de l’autre cette maladie des poumons qui me ronge. Je l’ai contractée en respirant la poussière toxique de Ground Zero, je travaillais dans le coin à l’époque. Aujourd’hui je prie pour que ça s’arrange et pour notre pays aussi", dit-il.
"Aujourd’hui notre pays n’est que divisions"
"Que Dieu bénisse l’Amérique", conclut Elliott. "Amen", lui répondent deux trentenaires originaires de Colombus dans l’Ohio, venues à New York pour retrouver ce qu’elles appellent l’esprit du 12 septembre. "Au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, l’Amérique a fait une puissante démonstration d’unité. J’aimerais me dire que cette communion, ce partage, cette unité nationale existent encore. Et je prie fort pour ça. Mais aujourd’hui notre pays n’est que divisions et polémiques", déplore l'une d'entre elles.
Un sentiment amer partagé par le Dr Antonio Dajer. Il y a 20 ans, chef des urgences de l’hôpital le plus proche du World Trade Center, il a été en première ligne. "Tout d’un coup, il y avait des centaines de blessés et très graves. C’était horrible", se souvient-il. Cette année, il s’est tenu à l’écart de ces commémorations. Vingt ans après, l’Amérique se révèle fracturée et ça le désole.
"Il y a deux côtés de l’Amérique : le côté généreux et le côté xénophobe, nationaliste mais aussi un peu raciste. Les deux côtés se battent maintenant."
Dr Antonio Dajerà franceinfo
"Biden essaie de faire de son mieux pour résoudre ça. Après la défaite en Afghanistan, au lieu de dicter aux gens ce qu’il faut faire, que le modèle américain soit le modèle pour le monde, j’espère qu’on va apprendre au contraire comment on peut agir d’une façon constructive avec un peu d’amour, avec un peu de compassion." Mais le Dr Antonio Dajer a bien conscience que la tâche du président Joe Biden est immense.
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