Élections en Turquie : une chance pour l'opposition ?
Les Turcs votent dimanche, pour un double scrutin présidentiel et législatif. Le candidat social-démocrate Muharrem Ince peut créer la surprise face au président en place Recep Tayyip Erdogan.
"Demain sera le jour d’une nouvelle Turquie" : cette promesse faite devant plusieurs millions de personnes à Istanbul samedi est signée Muharrem Ince, candidat du parti CHP (parti républicain du peuple, social-démocrate). C’est l’homme qui peut créer la surprise, à l'issue de ces élections présidentielle et législatives, qui se déroulent dimanche 24 juin. Le président en place, Recep Tayyip Erdogan, est accusé de dérive autocratique et subit un sursaut inattendu de l'opposition.
En quelques mois, Muharrem Ince a réussi une percée fulgurante, au point que les sondages le donnent au second tour. Pas surprenant estiment ceux qui le connaissent, comme Sezgin Tanrikulu, députe du même bord : "Il s'est démarqué au cours de ces 16 années d'expérience parlementaire, il a su défier Erdogan, le dépasser".
Muharrem Ince a réussi à donner le tempo de la campagne.
un député de l'oppositionà franceinfo
Muharrem Ince sait faire : devant la foule qui l’acclame, il parle de sa Turquie, de celle de demain, celle débarrassée d’un président Erdogan usé par le pouvoir. "Si Erdogan est réélu, vos téléphones seront toujours sur écoute. Si Erdogan est réélu, nous continuerons de vivre dans la peur. Mais si c’est Ince qui l’emporte, alors l’économie va reprendre. Si c’est Ince qui l’emporte, alors le dollar va baisser, les intérêts vont baisser, l’euro va baisser."
Mais qu’importe le discours finalement, le message est ailleurs : notamment dans le rêve qu’il a su redonner à l’opposition et à ses militants. "Vive Ince !", lance par exemple cette électrice. "C'est le meilleur candidat pour notre futur, pour l'avenir de notre pays".
Mais l'horizon d'Ince le challenger n'est pas non plus dégagé de tout nuage. La coalition qu’il dirige n’est pas forcément bien solide (des partis aussi différents que le CHP (social-démocrate), l'Iyi (nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite) et son programme manque de précision.
Mais qu’importe, les Turcs attendent de la liberté, explique Arcan Aïden, député CHP : "Depuis deux semaines Muharrem Ince le répète : la première chose à faire [si Ince arrive au pouvoir] c'est en finir avec l'état d'urgence. Après, nous renouerons des liens avec le reste du monde."
Le président Erdogan et son concurrent Ince ont mené campagne jusqu'au dernier moment. Quels que soient les résultats, une bataille est déjà gagnée pour Ince : de nombreux Turcs l’imaginent déjà président.
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