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Elections municipales : la majorité favorite…en Turquie

Tout comme Paris, Istanbul aussi va choisir son maire dimanche 30 mars. Mais en Turquie la majorité gouvernementale n’est guère menacée. Pourtant L’AKP et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan sont décriés pour leur autoritarisme. Dernier exemple en date : la tentative de censure des réseaux sociaux.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Meeting du Premier ministre turc Erdogan le 27 mars 2014 à Diayarbakir. (AFP)

Le 21 mars dernier, le gouvernement bloquait l’accès au réseau Twitter. Une censure assumée, officiellement en représailles à la publication d’enregistrements d’écoutes téléphoniques. Erdogan y est mis en cause dans un scandale de corruption. Au bout de quelques jours, ce blocage, semble-t-il très relatif, a été cassé par la justice turque.
Il valait mieux. Au sommet de l'Etat, le Président Abdullah Gul lui-même, avait condamné cette opération.

Le gouvernement a alors changé de bouc émissaire. C'est au tour du réseau de partage de vidéo Youtube d'être la cible. Motif, la mise en ligne d’une réunion confidentielle de hauts responsables turcs évoquant une intervention en Syrie.
Manipulation ? Fuite réelle? Erdogan a, en tout cas sauté sur l’occasion, crié à la trahison et à l'inconscience, puis bloqué dans la foulée le réseau Youtube afin d'éviter de nouveaux dérapages.
 
En fait, Recep Tayyip Erdogan est engagé dans un violent bras de fer contre le prédicateur Fethullah Gülen, qui fut en son temps un allié. Le discours du Premier ministre se radicalise, et l’approche des élections y a largement contribué. La confrérie Gülen est accusée de pourrir le débat en utilisant l’Internet pour y diffuser une propagande anti gouvernementale, dénonçant notamment de la corruption.
 
Dix mois après les événements d’Istanbul, autour du parc Gezi et de la place Taksim, le pouvoir a repris la main, de façon on ne peut plus traditionnelle, à savoir la manière forte.
Les réseaux sociaux sont accusés de véhiculer des idées dangereuses, et d’inciter à des mœurs dissolues. Mais il s’agit de discréditer les réseaux sociaux, et non d’isoler la Turquie du web précise sur les Inrocks une chercheuse turque Zeynep Tufekci.
 
Une stratégie qui porte ses fruits selon elle, surtout dans les régions les plus rurales et orientales. La peur  des réseaux sociaux (même et surtout chez les jeunes) et de leurs dérives (comme des détournements de profil et autres manipulations) est très ancrée dans le pays.
 
Au final, l’AKP et son leader font mieux que résister. Les instituts de sondages turcs pronostiquent un effritement et non un écroulement des conservateurs. Malgré toutes les critiques et les manifestations à répétition, l’AKP devrait obtenir entre 35 et 45 % des voix.

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