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Turquie : "L'obscurité, c'est tout ce que je vois", le choc de la défaite s’ajoute aux inquiétudes pour l’avenir chez les opposants à Erdogan

Malgré l’union inédite de ses opposants, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, est sorti vainqueur dimanche du second tour de l’élection présidentielle en Turquie. Les partisans de Kemal Kiliçdaroglu confient leurs inquiétudes.
Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le siège du CHP, le parti de Kemal Kiliçdaroglu, à Istanbul, le 28 mai 2023, lors de la défaite du candidat face à Recep Tayyip Erdogan. (BULENT KILIC / AFP)

Kemal Kiliçdaroglu termine la course avec 48%. Défait dimanche 28 mai au second tour de l'élection présidentielle face au président sortant Recep Tayyip Erdogan, l'opposant n'a pas mâché ses mots et a exprimé sa "profonde tristesse face aux difficultés qui attendent le pays". Un avis partagé par ses partisans, abattus à l'annonce de cette défaite. 

>> Election présidentielle en Turquie : que peut changer (ou pas) le nouveau mandat de Recep Tayyip Erdogan dans les relations internationales ?

Il était à peine 21h lors de la soirée électorale et déjà, le siège du CHP, le parti de Kemal Kiliçdaroglu, à Istanbul, se vide. Serhat et Özgün, 32 ans chacun, ont perdu tout espoir pour les cinq prochaines années. "L'obscurité, c'est tout ce que je vois pour l'avenir. Un avenir où on ne peut plus être sûr de rien, où le pays dirigé par des théories du complot, par des décisions totalement imprévisibles...", confie le premier, taclant la politique populiste du "Reïs" Erdogan.

"Ca fait trop longtemps que ça dure. J'ai l'impression que la moitié du pays ne vit pas la même réalité que nous. C'est évident. J'ai vraiment peur que ce soit de pire en pire."

Özgün, partisan de Kemal Kiliçdaroglu

à franceinfo

"Tous nos problèmes vont s'aggraver"

Çağla, une trentenaire, en a presque les larmes aux yeux : "Ce soir, je pense d'abord aux femmes et aux enfants. C'était déjà très difficile d'être une femme en Turquie, d'avoir une vie sociale, les études, les libertés que l'on souhaite. Quelle sera la Turquie de demain pour nous, pour nos sœurs, pour nos filles ? Quelle sécurité aurons-nous ? Je ne voulais pas penser au pire, mais le pire est sans doute à venir. Et pour le reste, c'est pareil. L'économie, les réfugiés... Tous nos problèmes vont s'aggraver", estime-t-elle.

Avec près de 48 % pour l'opposition, Tayyip Erdogan hérite d'un pays plus que jamais coupé en deux.

Le reportage d'Anne Andlauer

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