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Tunisie : réunion de crise du gouvernement après les manifestations du week-end

Le gouvernement tunisien a prévu une réunion de crise ce lundi alors que plus de 10.000 Tunisiens ont manifesté dans la nuit pour et contre le pouvoir devant le siège de l'Assemblée nationale constituante (ANC). L'opposition réclame sa dissolution.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

Tunis a été dimanche soir le théâtre d'une opposition - à distance et sans violence - entre pro et anti-gouvernement, alors que le climat est tendu l'assassinat jeudi 25 juillet d'un des principaux leaders de l'opposition, Mohamed Brahmi.

Entre 4 et 5.000 manifestants, dont plusieurs députés et dirigeants de
l'opposition laïque, se sont ainsi rassemblés dimanche soir peu avant la rupture du jeûne du
ramadan en un sit-in nocturne pour exiger la démission du gouvernement et la
dissolution de la constituante dominés par le parti islamiste Ennahda.

Le camp pro-gouvernement s'est lui formé après la rupture
du jeûne et la prière de la nuit pour atteindre quelque 5.000 personnes, selon
des journalistes de l'AFP, et 10.000 vers minuit, selon le service d'ordre des
pro-Ennahda. Ils étaient séparés des partisans de l'opposition par des barrières métalliques et des fourgons de police, afin d'éviter tout débordement.

Mobilisations sans violence

Aucun incident n'avait été enregistré à une heure du matin, heure locale (minuit en France), le
sit-in devant se poursuivre jusqu'à l'aube, au début du jeûne du ramadan.

Après la dispersion brutale des manifestants dans la nuit de samedi à
dimanche par la police, le ministre de l'Intérieur a promis de veiller
désormais à la sécurité des manifestations pacifiques.
"Le ministre nous a dit qu'il a clairement donné des ordres aux agents de
ne plus utiliser la force contre les manifestants et participants au sit-in
devant l'Assemblée nationale constituante
" (ANC), a déclaré le député Samir
Taïeb, figure connue de la contestation.

Un appel a été lancé peu après par le "F ront du salut national de la
Tunisie
" nouvellement créé, demandant aux Tunisiens de se rendre devant l'ANC,
sur la place du Bardo en périphérie de Tunis, "en apportant son repas pour un
iftar (repas de rupture du jeûne) géant en famille (...) dès lors que la
sécurité du rassemblement a été garantie par le ministre de l'Intérieur en
personne
".
De fait, un important dispositif de sécurité était déployé mais contrôlait
la circulation à distance, tandis que les manifestants partageaient dans le
calme un repas.

L'opposition tente de faire tomber l'Assemblée

Le gouvernement a prévu une réunion de crise lundi, après les événements du week-end. Dans un appel télévisé,
le président de l'ANC Mustapha Ben Jaafar a prôné "la retenue " et invité les
députés à occuper leurs sièges pour "finir le travail sur la Constitution "
avançant fin août comme date limite à son adoption.

Le pouvoir tunisien fait actuellement face à une vague de démissions des députés d'opposition, qui espèrent provoquer de nouvelles élections. Ils sont une soixantaine à avoir déjà quitté les bancs de l'ANC.

"Ce gouvernement a échoué à assurer la dignité et la sécurité aux
Tunisiens, le meurtre de Brahmi, en est bien la preuve
", a déclaré Maya Jribi,
secrétaire générale du Parti Républicain, appelant à un gouvernement de salut
national.

Qui a tué Mohamed Brahmi ?


Quatre jours après le meurtre de l'opposant au gouvernement Mohamed Brahmi, les autorités ont désigné les auteurs de l'assassinat comme étant des
salafistes jihadistes proches d'Ansar Ashariaa, une organisation dont des
membres sont soupçonnés d'être liés à Al-Qaïda.

Ansar Ashariaa a démenti dimanche toute implication, dans un communiqué
publié sur sa page officielle Facebook (en arabe), affirmant n'avoir "aucun lien avec cet
assassinat politique qui fait partie de tentatives connues pour pousser le pays
vers le chaos
".

Le ministère de l'Intérieur avait publié vendredi une liste de 14 suspects
impliqués selon lui dans le meurtre de Brahmi mais aussi dans celui en février
de Chokri Belaïd, autre opposant de gauche critique acerbe des islamistes.

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