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Tunisie : marée humaine aux obsèques de Chokri Belaïd

Des dizaines de milliers de personnes ont assisté vendredi aux funérailles de l'opposant Chokri Belaïd, assassiné deux jours plus tôt. Quelques heurts ont éclaté malgré l'imposant dispositif de sécurité. A l'issue de cette journée, le Premier ministre tunisien a réaffirmé qu'il tenait à former un "gouvernement de technocrates", malgré la fin de non recevoir du parti Ennahda.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (AP/SIPA)

Des milliers de voix ont crié "Allah Akbar" au
moment de la mise en terre du corps de Chokri Belaïd, vendredi vers 16 heures à Tunis. L'opposant tunisien avait été assassiné en sortant de chez lui mercredi matin, entraînant une flambée de violence dans le pays.

Le
cortège funéraire est parti vers 10 heures de la Maison de la culture, dans son quartier de
Djebel Jelloud. Environ 10.000 personnes ont ensuite escorté le cercueil enveloppé d'un drapeau tunisien, jusqu'au cimetière d'El-Jellaz, où d'autres Tunisiens étaient rassemblés.  

En tout, 40.000 personnes se sont réunies, selon le ministère tunisien de l'Intérieur. Jamais une foule aussi nombreuse ne s'était rassemblée pour des obsèques en Tunisie depuis celles, en 2000, de Habib Bourguiba.

Chokri Belaïd a été inhumé dans le quartier du cimetière réservé aux martyrs. Au
cœur de la foule, la veuve du défunt, Besma, a brandi deux doigts en l'air en
signe de victoire. 

À rélire. Le déroulé de la journée en Tunisie. 

Echauffourées et gaz lacrymogènes

Un important dispositif de sécurité avait été mis en place,
des hélicoptères survolaient la ville. Pour autant, des échauffourées ont
éclaté, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes, gênant jusqu'à l'intérieur
du cimetière.

Selon le ministère de l'Intérieur, 132 personnes ont été arrêtées.
De très nombreuses forces de l'ordre avaient été installées avenue Bourguiba
pour éviter toute mobilisation.

Ennahda sous pression

Funérailles ou manifestation contre Ennhada ? Les
slogans anti-gouvernement se sont mêlés aux youyous et aux larmes vendredi. "Le peuple veut une nouvelle révolution ", le chef d'Ennahda Rached "Ghannouchi assassin ", "Ghannouchi prends tes chiens et pars ", ont ainsi été scandés à tue-tête.

Les
obsèques de l'opposant Chokri Belaïd ont ainsi pris des allures de manifestation
contre le parti islamiste au pouvoir, que certains opposants accusent de cet assassinat. Aucun
représentant du gouvernement n'était présent sur place.

Après cette journée de mobilisation, le
Premier ministre tunisien a réaffirmé qu'il tenait à former un "gouvernement
de technocrates". Hamadi Jebali avait déjà annoncé la
dissolution du gouvernement mercredi soir, mais avait reçu une fin de non recevoir du
parti au pouvoir Ennahda. 

> Réécouter. L'invité de la rédaction, Kamel Jendoubi : Le désenchantement des Tunisiens expliqué par un militant des droits de l'Homme

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