Tunisie : le parti au pouvoir promet des élections pour sauver sa peau
La conférence de presse d'Ali Larayedh, le Premier ministre nahdaouite (du mouvement Ennahda ), était attendue. Depuis jeudi dernier et l'assassinat de l'opposant politique Mohamed Brahmi, la contestation a grandi de jour en jour et elle réclame désormais la dissolution de l'Assemblée et la chute du gouvernement.
Après le retrait de 59 députés d'opposition, la Tunisie attendait la réaction d'Ennahda et de son Premier ministre.
"Le gouvernement va continuer ses efforts"
La conférence de presse tenue par Ali Larayedh en a surpris plus d'un, tant le Premier ministre tunisien a minimisé la mobilisation dans son pays. Il a commencé par revenir sur l'assassinat de Mohamed Brahmi en l'imputant au "terrorisme en Tunisie ", avant de commenter les manifestations.
"Certaines voix se sont élevées pour appeler à la désobéissance avant même que le corps de Brahmi soit arrivé à l'hôpital." , a-t-il expliqué.
Mais il a continué en affirmant que les appels à protester n'avaient pas du tout été entendus dans le pays, les qualifiant de "négligeables ". Il a salué le peuple "tunisien qui n'a pas réagi face aux appels à la désobéissance ". Il a également salué les forces de l'ordre, qui ont fait échoué "le plan pour renverser le gouvernement ".
Ennahda joue sa dernière carte
Pour garder la face, Ali Larayedh a annoncé la décision du gouvernement de ne pas démissionner et de continuer son travail. Il a ensuite fixé un calendrier politique, avec comme principales annonces :
la finalisation de la Constitution pour la fin du mois d'août (celle-ci devait être prête depuis près d'un an)l'ouverture d'un dialogue avec toutes les forces "souhaitant augmenter l'efficacité du processus de transition "la tenue d'élections le 17 décembre, soit trois ans jour pour jour après l'immolation de Mohamed Bouazizi Si la finalisation de la Constitution est une annonce importante, la véritable information est sans doute le jour choisi par Ali Larayedh pour les élections.
En effet, le 17 décembre est la date anniversaire de l'immolation de Mohamed Bouazizi, ce marchand de fruits et légumes qui s'était suicidé, le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, et dont l'acte avait été à l'origine de la révolution tunisienne. Ennahda espère probablement miser sur cette date symbolique pour contenir un mouvement contestataire qui souhaite sa chute.
Un nouveau sit-in ?
De nouvelles manifestations étaient prévues ce lundi soir, toujours devant le Bardo, quartier de l'Assemblée Nationale Constituante. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix, extrêmement énervées après le discours d'Ali Layaredh, ont exhorté les gens à s'y rendre.
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