Lutte contre le terrorisme : Jean-Jacques Urvoas refuse toute "guantanamoïsation" du droit, en réponse à Nicolas Sarkozy
Le ministre de la Justice a publié une tribune dans "Le Monde", jeudi, afin de répondre aux critiques de l'opposition et réagir à leurs propositions pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation.
"Je refuse cette 'guantanamoïsation' de notre droit." Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a répondu à Nicolas Sarkozy, dans une tribune publiée dans Le Monde, jeudi 28 juillet. Après l'attaque contre une église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le leader de l'opposition a renouvelé ses vives critiques contre la politique du gouvernement en matière de lutte antiterroriste et antiradicalisation. Le président des Républicains appelle, notamment, à revoir les dispositions européennes sur la double peine.
"Emportés par l'émotion et l'inquiétude, réagit Jean-Jacques Urvoas, la tentation est grande d'en appeler à la 'pensée magique', quitte à sortir de notre Constitution, quitte à sortir de la Cour européenne des droits de l'Homme, quitte à sortir de ce qui fait la France". Le ministre de la Justice ajoute que "la France ne peut pas concevoir le combat contre le terrorisme, contre la radicalisation, autrement qu'avec les armes du droit. Le droit n'est pas une faiblesse". Et s'en prend directement à Nicolas Sarkozy :
L'ancien président de la République, qui a supprimé des dizaines de milliers d'emplois de magistrats, de policiers et de gendarmes, propose de réduire notre droit à un système d'exception, dont nous savons, pour le voir en œuvre dans d'autres pays, qu'il est inefficace et ne saurait nous garantir contre les impulsions meurtrières des terroristes.
"Notre Constitution garantit les libertés publiques"
Nicolas Sarkozy et Les Républicains préconisent l'expulsion de tout étranger dont les connexions avec un groupe terroriste sont démontrées, qu'elles soient directes ou indirectes. Ils réclament qu'un ressortissant français dans la même situation soit placé dans un centre fermé ou avec un bracelet électronique pour une durée de trois mois. Enfin, l'opposition demande que les détenus condamnés pour terrorisme ne puissent bénéficier d'aménagements ou de réductions de peines automatiques.
"Notre Constitution garantit les libertés publiques pour qu'en France on ne puisse pas enfermer sans preuve", répond Jean-Jacques Urvoas. "L'arbitraire n'est pas acceptable et au nom de l'efficacité, je refuse cette volonté de 'guantanamoïsation' de notre droit", en référence au centre de détention américain.
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