Débat de la présidentielle : les candidats devraient "exiger que l'on parle de défense et de sécurité"
Le général Vincent Deportes déplore que le sujet de la défense et de la sécurité n'ait été traité qu'à la fin du débat de la présidentielle lundi soir.
Au lendemain du débat entre les cinq "principaux" candidats à l'élection présidentielle, le général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences po, a regretté mardi 21 mars sur franceinfo que le sujet de la défense et de la sécurité "ait été traité à la fin". Il a invité les candidats à "exiger" que ces thèmes soient abordés plus longuement. "C'est l'un des très grands enjeux de la prochaine présidentielle", a-t-il ajouté.
Le général Vincent Desportes a aussi appelé à faire passer le budget de la défense à 2% d'ici 2022. "Il faut prioriser et réinvestir immédiatement dans la défense", a-t-il défendu.
franceinfo : On attendait les candidats sur la place de la France dans le monde, sur sa défense. Le sujet a été abordé, sans mauvais jeu de mots, au pas de charge. Est-ce votre avis ?
Le général Vincent Desportes : Hélas, vous avez parfaitement raison. Je déplore totalement que ce sujet ait été traité à la fin, à un moment où on était sûr qu'il ne resterait pas de temps. Aujourd'hui, on voit bien que les politiques de sécurité et de défense sont la condition de toutes les autres sécurités. Je crois que les organisateurs du débat se sont trompés. Il s'agit d'un sujet qui intéresse. L'attaque à l'aéroport d'Orly a eu lieu samedi dernier. Je crois que les candidats devraient faire porter leur voix davantage. Ils devraient exiger que l'on parle de défense et de sécurité : c'est l'un des très grands enjeux de la prochaine présidentielle.
Marine Le Pen veut faire passer le budget dès 2018 à 2% du PIB, soit 41 milliards d'euros, François Fillon lui répond que c'est impossible : a-t-on les moyens de passer à 2% ?
La question n'est pas celle des moyens. Madame Le Pen a raison quand elle dit que, aujourd'hui, l'armée est à l'os. Je rappelle qu'aucun gouvernement, sous la Vème République, n'aura laissé les armées dans un tel état de délabrement que ce gouvernement. Il y a un besoin urgent de réinvestissement dans la défense. Maintenant, il y a une affaire de volume et une affaire de délai. Un budget à 2% est le minimum pour arriver à faire voler nos avions, naviguer nos bateaux et rouler nos chars. Alors, quand ? Les études techniques sont claires : il faut que ça se fasse pour 2022. Si ça se fait après, il faudra faire des choix entre les différentes composantes des armées, à un moment où les menaces explosent dans le monde.
Sentez-vous une sorte de frilosité, une envie de désengagement des candidats de l'armée ?
François Fillon a eu raison de dire qu'il faut prioriser sur les différentes interventions de la France. On a vu une France intervenir partout avec des moyens qu'elle n'avait pas. Si vous avez un comportement de guerre, vous devez vous donner les moyens de la guerre, ce qui n'a pas été fait. Il faut réinvestir immédiatement dans la défense. C'est une priorité. J'espère que, dans le prochain débat, cela ne sera pas traité à la va-vite en dernier sujet.
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