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La Turquie veut freiner l'expansion kurde en Syrie

Alors que le gouvernement turc issu des élections n’est pas encore formé, Ankara fait pourtant monter la pression et évoque une intervention militaire en Syrie. Il s’agit d’y installer une zone tampon protégée par l’armée turque, et surtout d’empêcher les Kurdes, en Syrie, d’étendre leur contrôle le long de la frontière.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le 2 juillet 2015, des véhicules blindés arrivent à Killis, ville turque à la frontière syrienne (AFP)

La nouvelle coalition n’est pas encore formée à l’issue des élections du 7 juin. Qu’importe, l’AKP fait comme si elle était encore seule à décider. Et le président Erdogan et son Premier ministre seraient pour une intervention militaire au nord de la Syrie. Depuis plusieurs jours, les médias turcs bruissent de rumeurs et de bruits de bottes. Selon France 24, des forces sont massées le long de la frontière.
 
L’information a été confirmée par le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, qui a précisé qu’il n’était pas envisagé dans l’immédiat une intervention en territoire syrien. Le gouvernement turc préfère parler de mesures de protection de la frontière (lien en Anglais).
                                   
Citant le quotidien Yeni Safak, France 24 précise que 18.000 soldats pourraient participer à cette opération. Son but : repousser Daech et placer sous protection militaire une population pour l’instant réfugiée en Turquie. Mais il s’agit surtout de stopper l’avancée des forces kurdes de Syrie.

Vers un Kurdistan syrien?
De victoire en victoire, l’YPG, proche du PKK, contrôle presque toute la frontière entre la Syrie et la Turquie. Les Kurdes sont proches, vu l’état de déliquescence du pouvoir, de régir une province autonome. Ankara ne veut pas d’un tel cas de figure. Pour Erdogan, l’YPG est l’antenne syrienne du PKK, et donc un mouvement terroriste.
 
La Turquie continue donc ce jeu ambigu, qui laisse à penser que Daech n’est pas forcément son ennemi. L’YPG a d’ailleurs mis en garde Ankara, évoquant qu’une intervention serait une menace pour la paix, et que les milices kurdes sont prêtes à faire face à toute agression.
 
Curieusement, le plus grand allié des Kurdes dans cette affaire serait… l’armée turque. Elle craint des réactions négatives dans le pays, notamment des populations kurdes. De plus, l’armée ne veut pas recevoir ses ordres d’un gouvernement qui n’est là que pour expédier les affaires courantes.

Une nouvelle coalition et un nouveau gouvernement seront connus au plus tard à la mi-août 2015.


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