Syrie : Vladimir Poutine infléchit (un peu) sa position
Vladimir Poutine a-t-il ouvert la voie à une intervention en Syrie ? Si sa position est toujours trouble et que le président russe joue depuis le début de la guerre civile un double jeu, son interview donnée mercredi à la télévision publique Pervyi Kanal laisse entrevoir une évolution de la position de Moscou.
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La Russie veut des preuves "convaincantes" à l'ONU
Interrogé sur la possibilié d'une intervention occidentale, il a en effet indiqué que la Russie accepterait d'agir "résolument " si les Occidentaux présentaient à l'ONU des "preuves convaincantes ". Un discours qu'il tenait déjà le 31 août.
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"S'il y a des informations selon lesquelles des armes chimiques ont été employées, et employées par l'armée régulière (de Syrie), alors ces preuves doivent être présentées au Conseil de sécurité de l'ONU (...). Et elles doivent être convaincantes ", a dit M. Poutine .
"Après cela nous sommes prêts à agir le plus résolument et sérieusement possible ", a-t-il ajouté, répondant au journaliste qu'il "n'excluait pas " de soutenir une action armée occidentale.
Poutine suspend les livraisons de missiles
Et si la demande de preuves faite par Poutine ne constitue pas un tournant en soi, la suspension des livraisons de missiles à la Syrie en est un. Principal soutien militaire du régime de Damas, Vladimir Poutine a indiqué qu'il avait suspendu les livraisons de batteries sol-air S-300.
"Nous avons un contrat de livraison de S300, nous avons fourni certains composants, mais nous n'avons pas achevé nos livraisons, nous les avons pour l'instant suspendues ", a déclaré le président russe.
Une information surprenante, et que le président russe avait toujours niée. En juin, Vladimir Poutine avait affirmé que Moscou n'avait pas "pour l'instant " livré de S-300 à la Syrie pour ne pas "rompre l'équilibre des forces ". Pourtant, Bachar al-Assad avait à l'époque reconnu - entre les lignes - avoir bien reçu des missiles S-300 de son allié russe.
Des missiles puissants mais pas prêts avant 2014
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Selon des informations du Wall Street Journal, un contrat de 900 millions de dollars avait effectivement été signé entre les deux pays, qui portait sur la livraison de quatre batteries de S-300 et de 144 missiles, prévue pour la fin de l'été. Une information confirmée par Vladimir Poutine.
Or, les S-300 feraient entrer la Syrie dans une nouvelle dimension, puisqu'il s'agit de missiles anti-aériens, capables de cibler toute activité aérienne à 150 km, et à 27 km d'altitude. La cible de ces armes ne serait certainement pas les rebelles syriens, qui n'ont pas d'avions. L'objectif serait de dissuader les Occidentaux d'éventuelles frappes, et l'installation d'un tel système compliquerait clairement une intervention américaine.
Toujours selon le Wall Street Journal, les livraisons de la Russie aurait débuté au début de l'été. Mais cela ne signifie pas que la Syrie pourra se servir des S-300 tout de suite : en effet, une fois reçu le matériel russe, il faut fabriquer les systèmes et les tester, ce qui pourrait prendre un an. Sans compter la formation des soldats pour maîtriser ces équipements complexes.
Bachar al-Assad n'aurait ainsi pas pu les utiliser avant le printemps 2014. Et la décision de Poutine de stopper les livraisons ne risque pas d'accélérer ce processus.
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