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Syrie : des témoignages accablants, cités par l'ONG Human Rights Watch

L'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch s'est jointe jeudi au concert d'accusations à l'encontre du régime syrien, accusé par l'opposition d'avoir largué des produits chimiques lors d'un bombardement dans la banlieue de Damas mercredi matin. Dans un communiqué, elle cite plusieurs témoins et médecins décrivant des symptômes "horribles". Et réclame que le régime laisse les inspecteurs de l'ONU, actuellement en Syrie, avoir accès à la zone.
Article rédigé par franceinfo
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  (Reuters)

Ce ne sont "que" des témoignages recueillis sur place, mais ils donnent corps à une thèse terrifiante. L'ONG Human Rights Watch a mené sa propre enquête après le bombardement de l'armée mené sur les faubourgs de Damas mercredi matin, et les résultats semblent accablants. Car, comme le dénoncent les rebelles et activistes opposés à Bachar al-Assad, il semble bien que des armes chimiques aient été utilisées contre des civils.

"Des symptômes comme des suffocations, respirations irrégulières, spasmes musculaires, nausées, bouches mousseuses, des fluides sortant du nez et des yeux, convulsions, vision troublée, yeux rouges et irrités..." (témoignage de deux médecins)

Selon HRW, qui a contacté deux docteurs dans les heures qui ont suivi l'attaque mercredi à l'aube, les symptômes observés concordent avec ceux constitutifs d'une intoxication chimique. Un docteur basé au centre hospitalier d'Erbin, proche des lieux du bombardement sur les faubourgs de Damas, raconte avoir vu affluer des dizaines de blessés souffrant de "suffocations, respirations irrégulières, spasmes musculaires, bouches mousseuses [...] ". Des symptômes qui ne laissent aucun doute sur l'origine de l'intoxication.

Plusieurs centaines de morts

Ces témoignages de médecins sont corroborés par ceux de sept habitants de la zone contactés par HRW, dont plusieurs activistes. Tous confirment l'horaire du bombardement, à l'aube mercredi matin, et l'afflux de personnes asphyxiées dans les minutes qui ont suivi.

"La zone était recouverte d'un gros nuage de fumée [...] Mes yeux sont devenus rouges et je me suis gratté pendant des heures" (témoignage d'un activiste)

L'ONG reste cependant prudente concernant le bilan humain de l'attaque, évoquant "plusieurs centaines de morts ", "probablement plus de 1.000 " selon Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau français de Human Rights Watch. Fahad Al-Masri, porte-parole de l'opposition syrienne à Paris, a évoqué ce jeudi matin le chiffre de 1.703 tués.

Les docteurs se seraient très rapidement retrouvés "à court de médicaments pour traiter les habitants souffrant de ces symptômes ", en premier lieu l'Atropine utilisée dans de pareils cas.

Le régime dément

Dans les heures qui ont suivi l'attaque, le régime syrien a démenti avoir fait usage de produits chimiques lors de ce bombardement, rejetant la faute sur les rebelles. Pourtant, plusieurs témoignages font été de 18 missiles envoyés sur la zone, tirés depuis l'aéroport militaire et le musée militaire de Damas, deux points stratégiques sous contrôle de l'armée régulière.

Une autre théorie a émergé du côté du régime de Bachar al-Assad : l'explosion d'une usine pharmaceutique, située à proximité des quartiers touchés, qui aurait pu répandre un gaz neurotoxique aux alentours. Mais pour HRW, cette thèse ne tient pas, car l'usine Tameco Pharmaceutical se trouve à deux kilomètres, soit trop loin pour avoir été atteinte.

L'ONG appelle sans plus tarder le régime syrien à accepter la visite des inspecteurs de l'ONU, actuellement en Syrie, sur la zone touchée mercredi. "Si le gouvernement syrien n'a rien à cacher, il devrait laisser les inspecteurs visiter les sites de la potentielle attaque chimique, pendant que les preuves peuvent encore être collectées " conclut Joe Stork, directeur de HRW au Moyen-Orient.

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