A quoi joue Edward Snowden avec la Russie ?
L'ex-consultant du renseignement américain souhaite l'asile politique en Russie, en attendant de pouvoir se rendre en Amérique latine.
Après trois semaines dans la zone de transit d'un aéroport russe, Edward Snowden s'exprime enfin. L'ancien consultant du renseignement américain a annoncé vendredi 12 juillet qu'il souhaite l'asile politique, en attendant de pouvoir se rendre en Amérique latine. Il l'a indiqué après une rencontre avec des défenseurs des droits de l'homme, à l'aéroport de Moscou-Cheremtievo. Ce n'est pas la première fois qu'il demande l'asile à la Russie. Francetv info remonte le fil des tergiversations de l'homme à l'origine des révélations sur la surveillance électronique mondiale des Etats-Unis.
Acte 1 : Il demande l'asile à la Russie
Après avoir rejoint Moscou depuis Hong Kong, le 23 juin, Edward Snowden demande l'asile en Russie le 1er juillet. Depuis ses révélations sur le vaste système d'espionnage d'internet mis au point par les Etats-Unis, Washington réclame son extradition et l'a inculpé pour espionnage. La Russie, qui n'a pas d'accord d'extradition avec les Etats-Unis, a affirmé ne rien avoir à lui reprocher, arguant en outre qu'il n'avait pas réellement franchi sa frontière, à savoir le contrôle des passeports. le président russe, Vladimir Poutine, précise que son pays "ne livrait jamais personne".
Acte 2 : Poutine pose ses conditions
"S'il veut rester ici, il y a une condition : il doit cesser son travail visant à nuire à notre partenaire américain, aussi étrange que cela puisse sonner dans ma bouche", déclare le président russe le même jour, en marge d'une conférence des pays exportateurs de gaz à Moscou.
Acte 3 : Snowden retire sa demande
Le lendemain, le 2 juillet, le Kremlin annonce que l'Américain fait marche arrière. "Après avoir pris connaissance hier de la position russe, exprimée par le président Poutine (…), il a renoncé à son intention et à sa demande d'autorisation de rester en Russie", déclare Dimitri Peskov, porte-parole de la présidence russe.
Dans le même temps, il réaffirme la position du Kremlin. "Théoriquement, Snowden pourrait rester dans la Fédération de Russie, mais à une condition : qu'il renonce à toute intention de mener des activités anti-américaines, des activités nuisibles pour les Etats-Unis".
Acte 4 : Il revient à la charge
Après avoir demandé l'asile à plus de 20 pays, dont la France, Edward Snowden fait savoir, vendredi 12 juillet, qu'il veut l'asile en Russie en attendant de pouvoir se rendre en Amérique latine, où le Venezuela et le Nicaragua sont prêts à l'accueillir. C'est ce qu'il a plaidé lors de sa rencontre avec des défenseurs russes des droits de l'homme.
Mais le Kremlin ne dévie pas. Il répète que l'ex-agent de la NSA peut rester en Russie s'il cesse ses activités contre les Etats-Unis.
Dans un communiqué relayé par WikiLeaks (en anglais), Edward Snowden dénonce le comportement de "l'Europe occidentale et des Etats-Unis". "L'octroi de l'asile prévu par le président Maduro du Venezuela, mon statut asilé est maintenant officiel, et aucun Etat n'a de raison de limiter ou interférer avec mon droit de jouir de ce droit d'asile. Comme nous l'avons vu, cependant, certains gouvernements de l'Europe occidentale et les Etats d'Amérique du Nord ont démontré une volonté d'agir hors la loi, et ce comportement persiste aujourd'hui. Cette menace illégale, il est impossible pour moi de voyager à l'Amérique latine et profiter de l'asile accordé il conformément à nos droits communs.
Cette volonté des Etats puissants d'agir de façon hors-la-loi représente une menace pour nous tous, et ne doit pas réussir. En conséquence, je vous demande votre aide en demandant des garanties de passage sûr entre les nations concernées pour obtenir mon voyage en Amérique Latine, ainsi que la demande d'asile en Russie jusqu'à ce que ces Etats adhèrent à la loi et que mon voyage soit permis. Je soumettrai ma demande à la Russie d'aujourd'hui, et j'espère qu'elle sera acceptée favorablement".
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