Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?
Nous sommes sept milliards d'êtres humains sur Terre et la population mondiale pourrait encore doubler d'ici à 2100. La planète pourra-t-elle nous supporter encore longtemps ?
D’ici à la fin du mois d'octobre, l’humanité fêtera le passage de la barre des sept milliards de Terriens. Un rapport du Fonds des Nations unies pour la population mondiale (UNFPA) rendu public mercredi 26 octobre prévoit le passage des dix milliards d’ici à 2100, voire des quinze milliards si la démographie peine à ralentir.
Plus on est de fous…
… plus on a faim ?
Gilles Pison, démographe à l’Institut national d’études démographiques (Ined) et auteur d'un rapport intitulé "Sept milliards d’êtres humains aujourd’hui, combien demain ?" (PDF) publié mercredi 26 octobre, relativise l’impact de la démographie sur la répartition des denrées alimentaires. "Il y a de cela deux siècles, nous n’étions qu’un milliard sur Terre. Pourtant, un taux plus important de la population mourait de faim, explique-t-il. Aujourd’hui, nous sommes sept fois plus, et bien qu’il reste des parties du monde dans lesquelles les gens souffrent de la famine, on meurt globalement moins de faim."
L'étude "Agrimonde", lancée en 2006 par l'Institut scientifique de recherche agronomique (Inra) et le Centre pour la recherche et le développement agronomique (Cirad) explore les futurs possibles du système agricole et alimentaire mondial, à l’horizon 2050.
Elle indique notamment la nécessité de "ne pas généraliser le modèle alimentaire des pays industrialisés" trop enclins au gaspillage, conseille "le choix d’une agriculture productive et écologique" ainsi que la "sécurisation des échanges internationaux des produits agricoles et agroalimentaires". Sinon, on est cuits.
… plus on a soif ?
Puisque l'eau, c'est la vie, la menace d'une pénurie d'eau potable inquiète : "Le monde devra faire face à un déficit de 40 % entre les demandes et les ressources disponibles d'ici 2030", indique d'ores et déjà le rapport des Nations unies.
En 2008, 13 % de la population mondiale, soit près de 884 millions de personnes, ne bénéficiaient toujours pas d'un accès à l'eau potable, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Dans certaines parties du globe, la pénurie devrait être effective dès 2015. En novembre 2010, le Forum arabe pour l’environnement et le développement a estimé que le Moyen-Orient y sera confronté d’ici à cinq ans, et pointe du doigt la croissance démographique ainsi que le réchauffement climatique.
… plus on assèche les ressources ?
"Ce n’est pas le nombre qui compte, mais le mode de vie, souligne Gilles Pison. Les pays industrialisés du Nord ne représentent qu’un milliard de personnes sur Terre. Moins nombreux en population, ils sont beaucoup plus gourmands en ressources énergétiques, rappelle-t-il. Les pays les plus pauvres veulent accéder à ce modèle." Ce qui pose la question de l’épuisement des ressources, illustré par le calcul de l'empreinte écologique (lien en anglais).
Ce système évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation et à ses besoins d'absorption de déchets. Selon Pison, il faudrait 2,5 planètes comme la nôtre pour supporter la consommation de sept milliards d'habitants au niveau de vie d'un Français moyen. Si tout le monde adoptait le modèle américain, il faudrait carrément disposer de cinq planètes. Le rapport de l'UNFPA indique qu'il faut déjà dix-huit mois à la Terre pour régénérer les ressources naturelles utilisées en une année.
"Il faut agir sur les modes de vie sans attendre", poursuit le démographe. "Au Nord comme au Sud". A l’horizon 2050, l’Inde aura dépassé la Chine et prendra la tête des pays les plus peuplés du monde. Puis c'est le Nigeria qui devrait prendre le relais à la fin du siècle en cours. Des pays dont les populations aspirent légitimement au développement.
… moins on fait de bébés ?
Pas de panique, rassurent les études de l'UNFPA et de l'Ined : la démographie va finir par se stabiliser aux alentours de la fin du XXIe siècle. D'ailleurs, si la population mondiale continue de croître, le rythme de cette augmentation s'est considérablement ralenti. "Aujourd'hui, la fécondité mondiale n'est plus que de 2,5 enfants en moyenne par femme. Soit deux fois moins qu'en 1950."
De 0,9 enfant par femme à Taïwan jusqu'à sept pour les mères nigériennes, "le concept de la famille réduite est acquis".
Pour l'ONG britannique Optimum Population Trust (lien en anglais), il est indispensable de réduire la population mondiale de 500 millions d'individus d'ici à 2050 afin de préserver l'environnement.
François Farrah, co-auteur du rapport des Nations unies, estime qu'il suffirait pour cela de "combler la demande de planification familiale" et insister sur "l'éducation des jeunes femmes", afin de stabiliser la population autour des dix milliards d'habitants d'ici à la fin du siècle.
"Combien de gens notre Terre peut supporter ? Ce sont des questions importantes, mais peut-être pas celles qui conviennent, conclut le directeur exécutif de l'UNFPA, Babatunde Osotimehin. Quand on regarde seulement les chiffres, on risque de perdre de vue les nouvelles opportunités de rendre la vie meilleure pour tous dans l'avenir."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.