Cet article date de plus d'un an.

Témoignage Séisme en Turquie et en Syrie : "Toute l'aide va vers les autres villes", dénoncent des rescapés dans la région du Hatay, considérée comme rebelle par le pouvoir turc

Les secours du monde entier arrivent petit à petit en Syrie et en Turquie après le séisme de lundi. Dans la province turque du Hatay, la région est dévastée. Certains habitants se plaignent d'être moins bien aidés par rapport à d'autres régions.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les habitants d'Antioche attendent l'aide internationale dans la région du Hatay, en Turquie. (MARIE PIERRE VEROT / RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

C'est une file ininterrompue de véhicules. Des centaines d'ambulances, de camions chargés de secouristes et de pelleteuses se relaient ces dernières heures, mercredi 8 février à Antioche, dans le sud de la Turquie. La région du Hatay, non loin de l'épicentre, a été dévastée par le séisme de lundi.

>> "Ils ont entendu une personne il y a 30 minutes" : en Turquie, des militaires français à la recherche de victimes sous les décombres

Pourtant, durant deux jours, les habitants sont restés seuls avec leur douleur et leur terreur dans une ville en ruine. Ici, les habitants en veulent beaucoup à l'Etat turc coupable à leurs yeux d'avoir mis du temps à leur prêter secours. "Ça fait deux jours qu'on est dehors, on n'a plus rien !, s'époumone une Turque, emmitouflée dans une couverture. On a sauvé nos vies, Dieu merci. Mais qu'ils trouvent enfin une solution. J'en appelle aux États étrangers."

Un hôtel en ruines à Antioche (Turquie), après le séisme du 6 février 2023. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Une région considérée comme rebelle par le pouvoir

Dans la ville d'Antioche en ruine, Mehmet contemple en silence la montagne de béton sous laquelle sa sœur est ensevelie. "Il n’y a pas d’Etat ici. Alors je ne vais plus payer mes impôts. Personne ne s’occupe de nous. Toute l’aide va vers les autres villes." Un peu plus loin, Hassam tient une paire de bonnes chaussures à la main. Il grimpe sur les décombres, là où son frère est enseveli, mais vivant. On peut l’entendre gémir. Hassam interpelle des soldats. "Nous entendions cinq voix, maintenant, il n’y en a plus que trois, que faites-vous pour nous aider ?"

Sur les ruines d'un hôpital, à Antioche (Turquie), ville dévastée par le séisme du 6 février 2023 (MARIE-PIERRE VEROT / RADIOFRANCE)

Si certains demandent où est le président Erdogan, face à la foule, un homme tente de calmer les habitants en colère :"Que reprochez-vous à l'Etat ? Dix provinces ont été touchées d'un coup ! Vous avez tort de critiquer. Tout le monde pense d'abord à sa propre peau, bien sûr. Tout le monde à des proches qu'il tente de sauver en priorité."

L’armée s’est aussi déployée et l'organisation humanitaire du Croissant rouge installe des tentes. Les intempéries, les dégâts causés aux infrastructures et aux routes, le nombre de provinces touchées, tout cela complique la tâche des secours et leur déploiement. Mais les habitants d’Antioche, toujours considérée comme rebelle au pouvoir, n’en démordent pas : ils ont sans doute été punis par Ankara. À quelques mois des élections, la lenteur des secours pourrait en effet devenir un sujet politique.

Le reportage de Marie-Pierre Vérot à Antioche, dévastée par le séisme du 6 février 2023

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.