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Récit Séisme en Turquie et en Syrie : "Ici, le béton est tordu, le métal froissé comme du papier", témoigne une envoyée spéciale de franceinfo

Marie-Pierre Vérot, correspondante de franceinfo en Turquie, est à une centaine de kilomètres de l'épicentre du séisme meurtrier. Elle raconte une paysage apocalyptique.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot, édité par Xavier Allain
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Les secours se pressent dans les décombres d'un immeuble d'Adana, dans le sud-est de la Turquie, frappé par un puissant séisme dans la nuit du 5 au 6 février. (Marie-Pierre Verot / franceinfo)

Le bilan, effroyable, est toujours provisoire : plus de 4 300 morts et 19 000 blessés après un puissant séisme dans le sud-est de la Turquie et en Syrie, et ses nombreuses répliques, depuis lundi 6 février. Le premier séisme, de magnitude 7.8, a été suivi quelques heures plus tard d'une forte secousse de forte magnitude. 

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Un grand nombre de personnes sont toujours piégées sous les bâtiments effondrés : on en compte près de 5 000 rien qu'en Turquie. Et la pluie, la neige et le froid rendent la situation encore plus précaire. C'est dans cette région, dans la ville d'Antioche, non loin de la frontière avec la Syrie, que Marie-Pierre Vérot, correspondante de franceinfo en Turquie, a pu se rendre.  


"La ville est complètement à terre. C'est un paysage de désolation. Le jour s'est levé, ce mardi 7 février, et tout autour de moi, ce ne sont que des immeubles aplatis ou sur le point de s'effondrer. Le béton est tordu, le métal froissé comme du papier. Les murs arrachés laissent voir les intérieurs dévastés. C'est un peu comme si une main géante avait serré ces immenses immeubles et les avait jetés les uns sur les autres. Les voitures sont écrasées comme des boîtes de conserve.

Là, je suis à côté d'une mosquée dont le minaret a été sectionné sec. Le bitume est éclaté un peu partout, il est très difficile de circuler. Dans la nuit, sous la pluie, nous avons vu des volontaires qui tentaient de déblayer les gravats à mains nues.

Des maisons en miettes

On marche désormais sur les toits des maisons aplaties pour rejoindre des immeubles effondrés. Il n'y a pas d'eau et de nourriture. J'ai passé une partie de la nuit à côté d'un hôpital qui menaçait de s'écrouler et qui a dû être évacué en catastrophe. Tout à côté, les maisons sont réduites en miettes.

Il reste des survivants : "Il faut y croire", m'a dit un secouriste. Au cœur de la nuit, il tentait de dégager un homme dont on pouvait apercevoir le haut du crâne. Une femme était aussi ensevelie sous les gravats, elle tenait son bébé mort dans les bras. Elle était, elle, vivante et prise au piège, coincée sous sa maison.

Il a fait très froid cette nuit. Il fait encore très froid. Les gens ont passé la nuit dans leur voiture sur le bord des routes, en tentant de se réchauffer avec des braseros de fortune.

A Adana, comme dans de nombreuses villes ravagées par le séisme, les rescapés se réchauffent comme ils le peuvent autour de braséros. (Marie-Pierre Vérot / Franceinfo)

"Où est l'État ?"


Les secours ont toujours du mal à s'organiser. Ils commencent à arriver. On commence à voir de premières distributions, de premières pelleteuses qui arrivent 24 h après le premier séisme. Jusqu'à présent, on a vu des gens qui errer, hagards, tout seuls, avec une couverture sur le dos, qui se réchauffer avec quelques planches auxquelles ils avaient mis le feu. Ils recherchent leurs proches sans aucun moyen, sont en sanglots. Il n'y a plus d'électricité, quelques ambulances qui passent, des camions de pompiers qui ont fini par arriver, tout comme ceux de l'armée.

Mais les gens demandent de l'eau, de quoi manger, et des médicaments. "Où est l'État ?", criait ainsi un rescapé dans la nuit. Mais ici, la terre continue à trembler par intermittence et les chances de retrouver des survivants s'amenuisent, dans un paysage de désolation. Le bilan ici à Antioche, devrait être extrêmement lourd."

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