Séismes en Turquie et en Syrie : une mission "extrêmement dure" mais avec des "moments de joie", selon les Pompiers de l'urgence internationale
"Nous sommes restés au maximum de ce qu'on pouvait faire", explique Philippe Besson, président des Pompiers de l'urgence internationale, après avoir passé 10 jours en Turquie.
"Cette mission restera la plus dure depuis 2004", confie Philippe Besson dimanche 19 février sur franceinfo. Le président des Pompiers de l'urgence internationale a passé une dizaine de jours en Turquie. Avec une équipe de 36 bénévoles, ils sont venus en aide aux sinistrés après les séismes qui ont fait plus de 44 000 morts en Turquie et en Syrie. Philippe Besson raconte une mission inédite par son ampleur et par les conditions de travail "dégradées" notamment à cause de la météo. Mais le pompier confie aussi avoir vécu des "moments de joie" à chaque fois qu'une victime est sortie vivante des décombres.
franceinfo : Comment avez-vous vécu cette mission en Turquie ?
Philippe Besson : Elle restera extrêmement dure. C'est la plus dure qu'on ait jamais eue depuis 2004. Ce sont des moments de stress, d'abord, parce qu'on a vécu des répliques jour et nuit, y compris pendant la phase de recherches. Mais dès qu'on a le contact avec une victime, c'est exceptionnel. Tout est mis en oeuvre pour la sortir vivante.
Combien de temps peut durer une opération de secours ?
Elle peut durer des heures. On travaille avec trois chiens pour trouver la victime. Ensuite, on engage des équipes pour localiser précisément où elle se trouve. Et puis, il faut percer le béton, dégager les décombres, couper les fers à béton. Ça a duré plus de sept heures par exemple pour extraire une jeune fille de 11 ans vivante. Elle a eu, entre guillemets, la chance que sa mère la protège. Sa mère est décédée, mais en fait, la position du corps de sa mère a protégé sa fille.
Qu'est-ce qui a rendu le travail sur cette catastrophe différent des autres ?
Il y a d'abord l'ampleur puisque la catastrophe a couvert deux pays. La zone concernée est considérable. Les conditions étaient aussi très dégradées avec une météo extrême. Il a fait jusqu'à -15 degrés. Tout était gelé : notre matériel, les tentes, les personnels. La protection civile turque a aussi beaucoup souffert en perdant des hommes dans le tremblement de terre. Quand on est arrivés, on a donc été tout de suite engagés sur le dégagement d'un immeuble. On n'a même pas eu le temps de la phase de coordination. Enfin, on n'a jamais vu des effondrements d'une telle ampleur. À Kahramanmaraş, le centre-ville est hyper urbanisé. Des immeubles de 8 ou 10, voire 12 étages se sont complètement effondrés, voire même enfoncés dans le sol. Donc on s'est retrouvés dans des configurations très complexes.
Pourquoi avez-vous décidé de rentrer alors que des survivants sont encore sortis des décombres ?
On a suivi les directives. On avait un mandat d'une dizaine de jours. Au bout d'une semaine, le nombre de victimes vivantes était proche de zéro voire même zéro et le nombre de corps recouverts était de plus en plus important. On n'est pas là pour sauver les morts. Les opérations de déblaiement ont commencé. Nous sommes restés au maximum de ce qu'on pouvait faire. Le but, c'est d'être utile, d'être présent pour aider.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.