Cet article date de plus de dix ans.
Mistral: la France et la Russie négocient la rupture
En raison de la crise en Ukraine, la France a décidé le 3 septembre 2014 de ne pas livrer le «Vladivostok», navire de classe Mistral, à la Russie, comme prévu dans le cadre d'un contrat militaire signé en 2011 et portant sur deux porte-hélicoptères. Huit mois plus tard, le 15 mai 2015, Paris a fait à Moscou une proposition de rupture du contrat.
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Temps de lecture : 3min
Article initialement publié le 30 juin 2014.
Le contrat, qui remonte à 2011, comprenait la construction de deux bâtiments en France (le Vladivostok» et le Sébastopol) et de deux autres en Russie. En jargon militaire ce type de bateau est appelé BPC. Bâtiment de projection et de commandement. Un couteau suisse à la fois porte-hélicoptères (16 appareils accueillis), navire hôpital, transport de troupes (il peut embarquer 13 chars Leclerc) et état-major. Il peut mettre en action des engins amphibies transportés dans un radier intérieur (voir la vidéo).
Un contrat très critiqué
On le voit le BPC est incontestablement tourné vers l'offensif, même si la France a déjà déployé le Mistral à des fins humanitaires en Libye en 2011. Autant dire que cette vente a fait grincer quelques dents. En effet, pour la première fois une technologie militaire occidentale est vendue à la Russie. L'opposition à la vente est venue des Américains, mais aussi des Pays Baltes et de la Pologne, inquiets de l'attitude possible des Russes.
Mais le mécontentement a été aussi slave! En effet, le complexe militaro-industriel russe n'a pas vraiment apprécié de perdre ce genre de contrat. Il semblerait, à lire Le Figaro, qu'il a pris sa revanche en bloquant la construction, prévue en Russie des deux derniers bâtiments.
La crise ukrainienne
Fatalement, la commande des deux BPC s'est trouvée au cœur de la tempête provoquée par la situation en Ukraine. Les adversaires à cette vente estimant que ces navires donnaient à la Russie une puissance dangereuse en ces temps de bruit de bottes et d'annexion (on pense à la Crimée). Selon Ria Novosti, début mai encore, les Etats-Unis s'opposaient à cette vente. La sous-secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, Victoria Nuland, déclarait: «Nous avons exprimé notre préoccupation à ce sujet bien avant les événements en Ukraine et nous continuerons à le faire.»
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_05_08/Mistral-les-USA-toujours-opposes-a-la-vente-de-BPC-a-la-Russie-0203/
Mais contre vents et marées la vente est allée à son terme. Même si Paris a eu quelques états d'âmes laissant penser parfois à un gel de la livraison. Le 18 mars, Laurent Fabius le ministre des Affaires étrangères avait évoqué une possible annulation «si Poutine continue ce qu'il fait»...
Selon le quotidien économique russe Kommersant, citant des sources militaires le 15 mai 2015, Paris est prêt à rembourser à Moscou près de 785 millions d'euros. Au préalable, les autorités russes avaient accepté par écrit que les deux Mistral pourraient être revendus par la France à une tierce partie. Le Kremlin, qui a refusé tout accord pour une réexportation des navires tant que l'argent ne sera pas là, a évalué le préjudice subi par la Russie à quelque 1,163 milliard d'euros, selon selon le journal russe.
Le contrat, qui remonte à 2011, comprenait la construction de deux bâtiments en France (le Vladivostok» et le Sébastopol) et de deux autres en Russie. En jargon militaire ce type de bateau est appelé BPC. Bâtiment de projection et de commandement. Un couteau suisse à la fois porte-hélicoptères (16 appareils accueillis), navire hôpital, transport de troupes (il peut embarquer 13 chars Leclerc) et état-major. Il peut mettre en action des engins amphibies transportés dans un radier intérieur (voir la vidéo).
Un contrat très critiqué
On le voit le BPC est incontestablement tourné vers l'offensif, même si la France a déjà déployé le Mistral à des fins humanitaires en Libye en 2011. Autant dire que cette vente a fait grincer quelques dents. En effet, pour la première fois une technologie militaire occidentale est vendue à la Russie. L'opposition à la vente est venue des Américains, mais aussi des Pays Baltes et de la Pologne, inquiets de l'attitude possible des Russes.
Mais le mécontentement a été aussi slave! En effet, le complexe militaro-industriel russe n'a pas vraiment apprécié de perdre ce genre de contrat. Il semblerait, à lire Le Figaro, qu'il a pris sa revanche en bloquant la construction, prévue en Russie des deux derniers bâtiments.
La crise ukrainienne
Fatalement, la commande des deux BPC s'est trouvée au cœur de la tempête provoquée par la situation en Ukraine. Les adversaires à cette vente estimant que ces navires donnaient à la Russie une puissance dangereuse en ces temps de bruit de bottes et d'annexion (on pense à la Crimée). Selon Ria Novosti, début mai encore, les Etats-Unis s'opposaient à cette vente. La sous-secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, Victoria Nuland, déclarait: «Nous avons exprimé notre préoccupation à ce sujet bien avant les événements en Ukraine et nous continuerons à le faire.»
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_05_08/Mistral-les-USA-toujours-opposes-a-la-vente-de-BPC-a-la-Russie-0203/
Mais contre vents et marées la vente est allée à son terme. Même si Paris a eu quelques états d'âmes laissant penser parfois à un gel de la livraison. Le 18 mars, Laurent Fabius le ministre des Affaires étrangères avait évoqué une possible annulation «si Poutine continue ce qu'il fait»...
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