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La Russie minimise la gravité des violences familiales

Vladimir Poutine a promulgué la loi controversée sur la dépénalisation des violences domestiques. Désormais, le conjoint ou le parent violent ne sera plus condamné qu’à une amende ou à quelques jours de prison. La nouvelle loi veut préserver «la tradition de l’autorité parentale», mais elle soulève l’indignation des associations.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, lors de sa conférence de presse annuelle à Moscou, le 17 décembre 2015. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

La nouvelle loi met désormais sur le même pied d’égalité les violences commises par un membre de la cellule familiale et par une personne extérieure. Toutes relèveront désormais du droit civil. Jusqu’alors, les violences dans le cadre familial relevaient du pénal.
 
En conséquence, le primo-délinquant ne risque plus qu’une simple amende entre 78 et 471 euros, ou une peine de cinq à quinze jours de prison. Jusque là, le délinquant risquait deux ans de prison. C’est désormais la peine encourue uniquement en cas de récidive. «Des conséquences plutôt sérieuses», estime malgré tout Valentina Matvienko, la présidente du Conseil de la Fédération de Russie.
 
Ce changement provoque pourtant un tollé dans les associations d’aide aux victimes. Quelque 7.500 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon en 2015, affirme l'association ANNA, qui vient en aide aux femmes victimes de violences. «C'est un pas en arrière car les femmes et les enfants se retrouvent sans protection. C'est une sorte d'impunité pour les auteurs», affirme Irina Matvienko, membre de l'association.


Un chiffre que conteste la sénatrice Yelena Mizulina, qui a voté le texte. Selon elle, les ONG comme ANNA s’appuient sur de vieilles statistiques datant de 1999. Sur le site internet de la chaîne de télévision russe RT, elle avance le chiffre de 1060 meurtres dans le cadre de la cellule familiale: 300 femmes et… 760 hommes !
 
Les violences familiales ne seraient donc pas «un mal russe». Selon la sénatrice conservatrice, «les ONG gonflent l’importance de ces faits de violence pour obtenir d’avantages de fonds pour combattre le problème.»
 
La sénatrice en veut au «lobby féministe» qui militait contre la loi. Car, selon elle, cette nouvelle loi va réduire le nombre d’enfants retirés de leur famille par prévention lors d’une enquête. «Les services de protection de l’enfance voit dans la famille le lieu le plus dangereux pour les enfants. Mais c’est totalement faux. La famille (et surtout la famille biologique) est un des lieux les plus sûrs et doit être protégée», a-t-elle ajoutée.
 
La loi a également été modifiée afin que les parents n’apparaissent pas comme plus dangereux pour leurs enfants qu’un parfait inconnu. Cela est en effet totalement recevable. Mais on aurait pu aussi et surtout aggraver les peines pour les délinquants qui ne sont pas des membres de la famille. Bref, le pater familias pur et dur est de retour en Russie.

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