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Rébellion de Wagner : la Biélorussie semble avoir trouvé un point de chute à Evgueni Prigojine et ses fidèles

Quelques jours après leur marche avortée vers Moscou, Evgueni Prigojine et les troupes restantes du groupe Wagner semblent avoir trouvé un point de chute en Bielorussie. D'après le "New-York Times", il s'agit d'une base abandonnée à 120 km de Minsk.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président biélorusse Alxandre Lukachenko. (HANDOUT / BELARUSIAN PRESIDENTIAL PRESS SE)

Evgueni Prigojine et ses troupes ont donc trouvé un lieu de repli, moins d'une semaine après la démonstration de force du groupe paramilitaire Wagner en Russie. Accueillis en Biélorussie, le leader de la milice et ceux qui ont choisi de rester à ses côtés seront visiblement accueillis au même endroit. Le New York Times pense avoir identifié leur futur cantonnement.

Le régime Biélorusse semble avoir l'intention d'avoir tous ces putschistes en puissance bien à l'œil et aussi bien à l'écart de la capitale Minsk, à 120 kilomètres de là en direction du Sud-Est dans la ville d'Assipovitchy. Lors du dernier survol des satellites mi-juin, l 'ancienne base militaire de la ville semblait alors vide, désaffectée, sans aucune activité à l'intérieur ni aux alentours. Mais depuis mardi 27 juin, les photos prises du ciel décèlent du mouvement.

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À côté des trois hectares de baraquements défraîchis ou de stockage de munitions, sur ce qui semble être un ancien terrain d'entraînement de l'armée, six rangées sombres apparaissent. Ceux qui ont analysé ces images évoquent des structures temporaires, des larges tentes selon toute vraisemblance et pas n’importe lesquelles. Leur taille, leur couleur, leur disposition ressemblent en tout point aux campements militaires russes construits à la va-vite depuis le début de l'invasion de l’Ukraine en février 2022.

Ces images ne montrent pas pour l'instant que le camp est en train de se repeupler mais la description qui en est faite correspond en tout cas avec les propos du président biélorusse Loukachenko. Lorsque l'accueil des hommes Wagner s'est profilé dans son pays mardi, il avait précisé avoir offert " une base abandonnée, avec une clôture. Tout est là, plantez vos tentes, nous aiderons".

Un point de chute... à portée de putsch ?

Rien pour l’instant ne précise ce que va faire le groupe Wagner de ce camp, mais il y a une évidence : utiliser ce lieu va faciliter la tâche au gouvernement biélorusse. Installer tous les fidèles d'Evgueni Prigojine au même endroit, dans un camp que l'armée locale connaît par cœur, entourés de barbelés, facilite grandement leur surveillance, comme une sorte de prison réservée aux mercenaires.

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Une question se pose toutefois : lorsque vous avez sous la main, un millier d'hommes qui ont montré qu'ils sont prêts à tout - en Ukraine comme en Afrique -, dont la loyauté envers un chef incontrôlable ne paraît plus à démontrer après le coup de force de samedi dernier, pourquoi les parquer à seulement quelques kilomètres d'une autre base, celle utilisée par la 465e brigade de missiles du Bélarus ? La seule, selon un expert américain cité par le New York Times, à disposer de missiles russes Iskander, des engins furtifs qui peuvent être tirés d'un camion, capables de transporter des bombes thermobariques ou encore des charges nucléaires.

Un choix étrange que d'agiter cet arsenal sous le nez d'Evgueni Prigojine et de ses hommes. À portée de main ; pour ne pas dire, à portée de putsch.

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