Attentat terroriste près de Moscou : l'État islamique et la Russie ont "une dette de sang qui remonte à plusieurs années", analyse un spécialiste du jihadisme après la revendication de Daech

Le journaliste Wassim Nasr, spécialiste du jihadisme, réagit vendredi sur franceinfo à la revendication de l'État islamique de l'attaque d'une salle de concert près de Moscou. Une revendication à prendre au sérieux selon lui.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le complexe du Crocus City Hall de Krasnogorsk, dans la banlieue de la capitale russe, en flamme après l'attaque du 22 mars 2024. (STRINGER / AFP)

L'État islamique et la Russie "ont un long contentieux [...] il y a, entre guillemets, une dette de sang qui remonte à plusieurs années", analyse vendredi 22 mars sur franceinfo Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste du jihadisme. Il réagit après la revendication de l'EI qui affirme être derrière la fusillade de la salle de concert Crocus City Hall près de Moscou, qui a fait au moins 133 morts, selon les autorités russes. Pour le spécialiste, cette revendication est à prendre au sérieux, "c'est tout à fait plausible", ajoute-t-il.

Franceinfo : Le groupe État islamique revendique sur Telegram l'attaque en Russie, est-ce qu'on peut prendre cette revendication au sérieux ?

Wassim Nasr : C'est revendiqué officiellement par l'État islamique en donnant quelques détails dans la revendication, en disant par exemple que l'attaque a été commise par des soldats de l'EI et qu'ils sont partis sains et saufs. C'est tout à fait plausible dans la mesure où les Américains ont prévenu Moscou de l'imminence d'une attaque et où la Russie fait partie des cibles de l'EI depuis plusieurs années. Il y a plusieurs Russes - que ce soit des Républiques tchétchènes ou Ingouchie - qui ont été recrutés dans les rangs de l'EI et même des Russes de Russie et pas d'autres Républiques.

Pourquoi est-ce que Daech aurait intérêt à attaquer la Russie ?

Parce qu'ils ont un long contentieux et qu'il y a, entre guillemets, une "dette de sang" entre la Russie et l'EI qui remonte à plusieurs années, à la guerre en Syrie ou à la Tchétchénie. De plus, à un moment, l'EI a eu une forme d'émirat dans le Caucase qui a été totalement éliminé par les Russes. Les prisons russes sont également pleines de jihadistes de l'EI ou d'autres factions, donc le contentieux est très ancien.

Avec la guerre en Ukraine ou celle au Proche-Orient, aurait-on un peu oublié la menace islamiste ?

En tout cas eux n'ont pas oublié parce que tous ces tourments géopolitiques sont des brèches, des ouvertures, sur lesquelles l'EI, évidemment, va capitaliser. Leurs objectifs sont toujours les mêmes et ce peu importe ce qu'il se passe ailleurs : quand ils ont l'opportunité de frapper un de leurs ennemis désignés, en l'occurrence le monde entier, ils le font. La dynamique de l'EI c'est de capitaliser sur les groupes préexistants, des guérillas préexistantes, prendre leur allégeance, leur donner leur savoir-faire, le "tout-en-main" de l'EI. Finalement le groupe agit au nom de l'EI mais ce sont des gens déjà implantés sur ces zones. Ce ne sont pas des Syriens et des Irakiens qui ont fui pour agir en Russie. Il n'y a pas un théâtre de guerre aujourd'hui où ils ne sont pas implantés.

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