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"Tout le monde essayait de le maintenir à terre" : comment des passants ont maîtrisé l'auteur de l'attaque à Londres

Des passants sont intervenus sur le London Bridge, avant même l'arrivée de la police, alors que l'assaillant était équipé d'une veste explosive factice.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un policier près du London bridge, le 30 novembre 2019, où a eu lieu une attaque terroriste la veille.  (NIKLAS HALLE'N / AFP)

"On a fait tout ce qu'on pouvait pour essayer de lui arracher son couteau afin qu'il ne blesse personne d'autre." Londres a été la cible, vendredi 29 novembre, d'une nouvelle attaque terroriste. Et des passants sont intervenus avant les policiers pour maîtriser l'assaillant. "Tout le monde était au-dessus de lui, pour essayer de le maintenir à terre", a raconté sur la BBC (en anglais) Stevie Hurst, un guide touristique de 32 ans, qui s'est battu avec le suspect. L'assaillant, un ex-prisonnier condamné pour terrorisme, a tué deux personnes et en a blessé trois autres à l'arme blanche dans le centre de la capitale britannique. Il portait une ceinture d'explosifs factice. Il a été ensuite abattu par la police.

Juste avant 14 heures, un homme poignarde plusieurs passants à quelques pas du London Bridge, dans le Fishmonger's Hall, siège d'une société de livraison de la City, classé monument historique, situé sur la rive nord de la Tamise, selon le récit du Sun (en anglais). L'assaillant parcourt ensuite quelques mètres sur le pont, qui relie le quartier de la City depuis le Borough Market, avant que des passants ne stoppent sa progression.

Avec un extincteur et une défense de narval

Pour maîtriser le terroriste, un homme s'empare d'abord d'un extincteur du Fishmonger's Hall et l'asperge de neige carbonique, selon des images diffusées par The Sun et The Daily Mail. Un deuxième le tire par la veste et le fait chuter au sol. Tandis qu'un troisième le pourchasse et le frappe avec une défense de narval, qui provient du hall du monument historique, qu'il a vraisemblablement arrachée.

Une cinéaste, Amy Coop, raconte sur Twitter l'avoir vu s'emparer de la défense du narval.

Grâce à ces trois hommes, l'assaillant se retrouve à terre. C'est à ce moment-là que le guide touristique Stevie Hurst traverse le pont avec son collègue, Thomas Gray. Le binôme fait visiter Londres en Mini-Cooper et s'apprête à récupérer des touristes à leur hôtel. Stevie Hurst dit avoir vu des gens courir en criant : "Il a poignardé des femmes." "J'ai vu qu'il avait deux couteaux de cuisine avec des lames longues de 8 pouces. Une dans chaque main. Un des couteaux avait l'air d'être attaché à sa main par un ruban adhésif", témoigne Thomas Gray dans le Daily Mail et dans le Times (article payant, en anglais). Les deux hommes interviennent et forcent le terroriste à lâcher un des deux couteaux. Dans la mêlée, Stevie Hurst affirme lui avoir donné des coups de pieds, dont un à la tête.

Un autre homme, vêtu d'un manteau noir ouvert sur une cravate et une chemise blanche, attire l'attention. Sur des images diffusées sur Twitter, filmées depuis un bus arrêté sur le London Bridge, il s'éloigne de la mêlée, un couteau à la main. Cet homme, dont l'identité n'est pas connue pour l'instant, crie à d'autres témoins de reculer. La suite est visible sur d'autres images. On voit un homme qui continue à s'en prendre à l'assaillant allongé sur le sol. Les policiers qui viennent d'arriver reprennent la situation en main et dégage cet homme en l'attrapant par son pull dans le dos. L'attroupement se délite et un des policiers tire sur le terroriste. "C'est l'officier seule qui prend la décision de tirer. Ils sont légalement responsables de chaque tir et décident d'ouvrir le feu", rappelle le Times. La police n'a pas encore communiqué à ce sujet.

Un meurtrier en semi-liberté parmi les "héros"

Du Premier ministre Boris Johnson au leader du parti travailliste Jeremy Corbyn, les responsables politiques britanniques ont décrit toutes ces personnes qui sont intervenues en "héros""Je voudrais remercier nos services d'urgence, mais aussi les passants qui ont risqué leur propre vie cet après-midi. Ce sont les meilleurs d'entre nous", a salué Sadiq Khan, le maire de Londres. Ceux qui sont intervenus "ne savaient pas à ce moment-là que l'engin était factice", a-t-il estimé, soulignant "la bravoure et l'héroïsme de Londoniens ordinaires".

"Ordinaires" ? Pas si sûr. "Certains des gars qui étaient sur [l'assaillant] étaient d'ex-prisonniers et ils se trouvaient tous au Fishmonger's Hall", où était organisée une conférence sur la réinsertion, selon un agent d'entretien cité par l'agence britannique Press Association. De fait, d'après plusieurs médias britanniques, dont The Independent (en anglais), l'un des "héros", James Ford, qui a essayé de sauver une femme et a aidé à désarmer le terroriste, est un criminel en semi-liberté.

Agé de 42 ans, James Ford est en prison depuis 2004 pour le meurtre d'Amanda Champion. Cette jeune femme de 21 ans, handicapée mentale, avait été retrouvée la gorge tranchée sur un terrain vague à Ashford, dans le sud-est de l'Angleterre, le 26 juillet 2003, trois semaines après sa disparition. James Ford avait été arrêté après avoir été dénoncé par un samaritain à qui il avait confessé le meurtre, rapporte The Independent. "Il a tué une fille handicapée. Ce n'est pas un héros, certainement pas", a réagi dans le Daily Mail la tante d'Amanda Champion lorsqu'elle a appris les actes de James Ford. 

L'auteur de l'attaque, Usman Khan, 28 ans, un ex-prisonnier condamné pour terrorisme, était lui-même présent à cette conférence sur la réinsertion.

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