Royaume-Uni: Airbus soupçonné de corruption
L’information a été confirmée par Airbus qui dit coopérer avec le Serious Fraud Office.
«Airbus avait déjà révélé, tard un vendredi soir d’avril (sous-entendu pour que l’information passe inaperçue, NDLR), qu’il était en discussions avec le SFO», rapporte le Financial Times (FT). L'enquête de l’institution officielle britannique porte sur des contradictions dans des montants de commissions de consultants mentionnés dans des demandes d'aide à l 'export, ont indiqué à Reuters des sources proches du dossier. Elle porte aussi sur des noms de consultants tiers manquants
Depuis 2006, les entreprises demandant des aides à l’export au Royaume-Uni doivent identifier tous les intermédiaires impliqués dans les négociations de contrats. Elles doivent aussi fournir la liste des sommes effectivement payées.
Face aux soupçons d’irrégularités, l’agence britannique de crédit à l’exportation, UK Export Finance (UKEF), avait suspendu les aides accordées à Airbus. Une décision suivie par ses homologues française et allemande.
Airbus est la plus importante entreprise aéronautique commerciale au Royaume-Uni et son bénéfice net s'est envolé de 15% au premier semestre 2016. Son résultat net semestriel a atteint 1,76 milliard d'euros.
La société a dû provisionner une lourde charge d'un peu plus d'un milliard d'euros à la suite des différents retards et problèmes techniques de l'avion de transport militaire A400M. Une somme supplémentaire de 385 millions d'euros a également été provisionnée pour le dernier-né de ses avions de ligne, l'A350, confronté aux difficultés de ses sous-traitants.
«Coup sévère»
Ces charges sont cependant couvertes par quelque 1,9 milliard d'euros de plus-values réalisées à l'occasion de la création d'Airbus Safran Launchers et de la vente des actions détenues dans Dassault Aviation.
L’avionneur «affirme avoir rattrapé le géant américain Boeing, son grand rival, pour le marché des gros porteurs», constate le Guardian. «Même si son emblématique appareil géant à deux niveaux, l’A380, n’est pas parvenu à trouver beaucoup de nouveaux clients hors du Moyen –Orient», ajoute le quotidien londonien.
A ce stade, il est encore trop tôt pour faire un pronostic sur l'issue de l'enquête du SFO, et sur ses conséquences pour Airbus et le secteur aéronautique. Mais cette enquête «est un coup sévère pour l’avionneur européen», pense de son côté le FT. Elle pourrait «durer plusieurs années et l’ombre qu’elle jette (sur l'entreprise) risque d’être agressivement exploitée» par le concurrent Boeing, conclut le journal économique britannique. Surtout que d’autres enquêtes pourraient suivre, notamment en France et en Allemagne.
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