Mort d’Elizabeth II : Charles et sa mère "se sont beaucoup rapprochés au cours des dernières années", souligne un spécialiste de la couronne britannique
Les relations entre le roi Charles III et sa mère ont souvent été décrites comme tendues. "Ce n'est pas tout à fait correct", rectifie sur franceinfo Philip Kyle.
"Charles et sa mère étaient évidemment très proches", assure vendredi 9 septembre sur franceinfo Philip Kyle, expert de la monarchie britannique, particulièrement du prince Charles, alors que les observateurs de Buckingham Palace ont relevé des relations tendues entre la Reine Elizabeth II et son successeur par le passé. "On a souvent dit qu'ils avaient une relation froide, qu'elle-même [la reine] était froide. Ce n’est pas tout à fait correct", assure-t-il. Philip Kyle souligne qu’"ils se sont beaucoup rapprochés", ces dernières années.
franceinfo : Dans quel état d’esprit se trouve Charles III, selon vous ?
Philip Kyle : Il est dans un état d'esprit qu'on peut imaginer un peu ambivalent dans le sens où sa mère vient de décéder, mais en même temps, il vient de réaliser ce pourquoi il est né, c’est-à-dire devenir le roi du Royaume-Uni. Charles est le monarque aujourd'hui le plus âgé à monter sur le trône du Royaume-Uni. Il a été l'héritier direct à attendre le plus longtemps pour monter sur le trône. Donc, il réalise aujourd'hui, dans des circonstances toutes personnelles, très difficiles, ce pour quoi il a été né.
Quelle relation entretenait-il avec sa mère ?
Il est devenu héritier direct à l'accession de la reine au trône alors qu'il n'avait que trois ans. Donc, sa mère, très vite, a fait le choix de placer ses devoirs de reine devant celui de ses devoirs de mère. Mais elle prenait quand même le temps de passer du temps avec Charles quand il était enfant. On a souvent dit qu'ils avaient une relation froide, qu'elle-même [la reine] était froide. Ce n’est pas tout à fait correct. Au cours des dernières années en tout cas, ils se sont beaucoup rapprochés, surtout sur les dix dernières années, la relation entre Charles et sa mère était très évidemment proche.
Quel type de souverain sera-t-il ?
Il a une personnalité très différente de la reine Elizabeth et il ne va pas totalement abandonner les engagements qui ont été les siens. Il faut rappeler les engagements pour le climat. Il faut rappeler que dès 1970, alors qu'il n’était qu’étudiant, il s'est engagé en alertant contre la pollution plastique. Il s'est engagé également pour la jeunesse défavorisée. Il a créé en 1976 sa fondation The Prince's Trust. Il s'est engagé pour l'architecture, pour régénérer les quartiers urbains, etc. Je pense que tous ces engagements, il ne peut pas les oublier. En respectant la Constitution, la continuité de l'État, il va imposer son style en s'autorisant de temps en temps à prendre position sur les sujets qui lui sont chers.
Va-t-il continuer à réduire la monarchie britannique pour la rendre moins dispendieuse ?
Oui, c'est quelque chose qu'il a déjà commencé à initier depuis à peu près dix ans. Au jubilé de diamant de la reine en 2012, est apparue au fameux balcon de Buckingham Palace une version resserrée de cette monarchie, c'est-à-dire à l'époque, la reine, le prince Philip était souffrant, donc il n'était pas là, mais aussi Charles, Camilla, Harry, William et Kate, qui venait d'épouser William. Et je pense qu'aujourd'hui, il prend la mesure du Zeitgeist [l'esprit du temps, NDLR] qui souhaite plus de transparence, moins de dépenses publiques, etc. Il veut une monarchie qui soit claire et que les gens sachent pourquoi, en quelque sorte, ils payent pour la famille royale.
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