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L'Ecosse peut-elle devenir indépendante ?

Le premier ministre écossais, Alex Salmond, a lancé le 25 janvier une consultation pour organiser un référendum sur l’indépendance de la province, partie intégrante du Royaume-Uni depuis 1707. S’il n’y est pas formellement opposé, le chef du gouvernement britannique, David Cameron, reste un farouche partisan du statu quo.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le premier ministre écossais, Alex Salmond, annonce le lancement d'une consultation en vue d'un référendum sur l'indépendance de la province. (AFP - ANDY BUCHANAN )

La question de l’indépendance de l’Ecosse semblait résolue depuis l’Acte d’Union du 16 janvier 1707. Aujourd’hui, la province vit sous le système de la  « dévolution » mis en place en 1999. Ce régime de semi-autonomie lui accorde des compétences en matière d’éducation, de santé, d’environnement et de justice.

Mais en mai 2011, le Parti national écossais (SNP) d’Alex Salmond emporte la majorité absolue au parlement régional d’Holyrood. Cette victoire relance la question de l’indépendance. Celle-ci est d’autant plus à l’ordre du jour que «l’homme politique le plus talentueux des îles britanniques » semble aussi remarquablement pragmatique.
 


Discours de A. Salmond sur l'indépendance (25-1-2012) - Telegraph.co.uk


Il promet ainsi le maintien de l’Ecosse dans l’UE et assure qu’elle conserverait la reine comme chef d’Etat. Il défend des thèses sociales-démocrates. Même s’il n’a rien contre les thèses ultra-libérales de Margaret Thatcher…

Alex Salmond sait parfaitement qu’aux dires des sondages, seulement quelque 40 % des Ecossais interrogés sont favorables à l’indépendance. Mais il sait aussi qu’il y a un « large soutien » pour la « dévolution maximum », une autonomie plus grande notamment en matière fiscale. Laquelle serait une solution de compromis entre le système actuel et l’indépendance.

Une ou deux questions ?
Il propose donc qu’un référendum pose deux questions : l’une sur l’indépendance, l’autre sur le « devo-max ». Il propose aussi que les Ecossais, y compris les jeunes à partir de 16 ans, votent vers juin 2014, à l’occasion du 700e anniversaire de la victoire de Bannockburn sur l’Angleterre.

De son côté, Londres préfère une question et une réponse uniques: oui ou non. Dans le même temps, David Cameron, qui défend farouchement « la cohérence du pays », demande à ce que la consultation soit organisée dans les 18 mois. Il entend aussi avoir le dernier mot constitutionnel sur les modalités du scrutin. Sans le dire, Londres craint une contagion indépendantiste au Pays de Galles et à l’Irlande du Nord. Et au-delà un éclatement du Royaume-Uni.

Au vu des sondages et en posant une question unique, au résultat contraignant, le locataire du 10 Downing Street souhaite couper l’herbe sous le pied des nationalistes. De son côté, Alex Salmond a besoin de temps pour convaincre son opinion. Il sait qu’une victoire du non enterrerait pour longtemps la question de l’indépendance.

Et l’économie ?
Reste une dernière question: l’Ecosse a-t-elle les moyens de vivre sa vie ? Avec ses 5,2 millions d’habitants, la province représente 8,3 % de la production britannique. Alex Salmond fait valoir qu’elle représente le « 6e PIB par habitant parmi les pays de l’OCDE ». De fait, son économie possède de réels atouts. Notamment grâce au pétrole et au gaz de la mer du Nord.

Mais de son côté, Londres souligne que ces ressources sont menacées. Et que l’important secteur bancaire écossais souffre de la crise économique. En 2008, le contribuable a dû injecter 45 milliards de livres pour sauver de la faillite la Royal Bank of Scotland. « Même en cas d’indépendance, une coopération intense » est souhaitable, fait valoir l’économiste Drew Scott. La séparation totale n’est peut-être pas pour demain…

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