Reportage Émeutes au Royaume-Uni : "Ça va prendre du temps avant d'oublier"... Les habitants de Southport sous le choc de la violence et de l'islamophobie
Plus de 6 000 policiers sont mobilisés au Royaume-Uni pour lutter contre les émeutes qui sévissent depuis une semaine. Le gouvernement travailliste assure qu’il ne laissera rien passer, alors que le pays est secoué par des violences depuis l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois petites filles à Southport, dans le nord-ouest du pays, lundi 29 juillet.
Dans un premier temps, le suspect a été présenté sur les réseaux sociaux comme demandeur d’asile et de confession musulmane, profitant à l’ultra-droite qui a immédiatement appelé à manifester à travers tout le Royaume-Uni. La communauté musulmane est depuis prise pour cible, et notamment à Southport où la mosquée locale et certains commerces ont été attaqués.
"J'ai des vidéos de la boutique en train d'être attaquée"
Devant la mosquée de Southport, il ne reste aucune trace des violences. Le lieu de culte a d'ailleurs rouvert aux fidèles pour les prières. "Beaucoup de voisins sont venus pour nettoyer, pour nous aider, remercie l'imam. Nous avons reçu beaucoup de cartes, de fleurs, même de la nourriture... Le quartier a été super."
L’imam salue la mobilisation du quartier, mais se rappelle aussi la violence de l’attaque qui s’est déroulée, il y a tout juste une semaine.
"300 personnes sont arrivées et ont commis des violences. Ils ont cassé les fenêtres et les murs, ils ont mis le feu des deux côtés."
L'imam de Southportà franceinfo
Au bout de la rue, l’épicier aussi a été attaqué, provoquant la colère des habitants, qui décrivent pourtant un quartier habituellement paisible. Le commerçant, d’origine srilankaise et de confession bouddhiste, était absent au moment des faits : il avait quitté sa boutique par précaution. "C'était horrible, j'habite juste de l'autre côté. J'ai tout vu, j'ai des vidéos de la boutique en train d'être attaquée. C'est fou..."
Le commerçant reste d'ailleurs très marqué par cette attaque : "J'y pense encore parce que je me demande ce qui se serait passé... Nous n'avons pas d'issue dans le magasin, seulement la porte d'entrée. Ça, ça va prendre du temps avant d'oublier."
Les habitants appellent au calme
Des émeutes dénoncées dans toute la ville et surtout sur les lieux où la population rend hommage aux trois petites filles tuées la semaine dernière. Stuart est venue déposer un bouquet de fleurs avec sa fille sur le parvis de l’hôtel de ville. "Je pense que c'est abject de la part de toutes les personnes qui appellent au trouble, dénonce-t-il. C'est honteux après ce qu'il s'est passé envers les victimes et leurs familles, on devrait être ensemble, unis, et non fracturés."
Les habitants rencontrés nous parlent d’une récupération politique honteuse de la part de l’ultra-droite et appellent au calme.
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