Cet article date de plus de huit ans.

Bugaled Breizh syndrome ? La Royal Navy manque de couler un chalutier

Cela rappelle furieusement le «Bugaled Breizh». Un sous-marin britannique a failli envoyer par le fond un chalutier nord-irlandais. Un accident sans conséquences, mais qui vient étayer la thèse des familles des pêcheurs bretons disparus. Pour elles, le naufrage du chalutier en 2004 est dû à un sous-marin.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le sous-marin «Astute» rejoint sa base de Faslane en Ecosse. (AFP/Andy Buchanan)

Les bégaiements de l’Histoire ont parfois du bon. Ce qu'il s’est passé en avril 2015, au large de l’île de Man, en mer d’Irlande, rappelle le drame du 15 janvier 2004 en Manche. Ce jour-là, le Bugaled Breizh, chalutier de 24 mètres, coule avec cinq hommes à bord, en plein après-midi et par temps calme. Les experts ont estimé qu’une force «exogène» avait tiré le chalutier vers le fond. Faute de baleine ou de calmar géant, il ne pouvait s’agir que d’un sous-marin !
 
Mais de secret-défense en silence radio, l’enquête n’a pas abouti (non-lieu de la cour d’appel de Rennes), même si la marine britannique est fortement suspectée. Or, ce qu'il vient d’arriver au chalutier Karen et à ses quatre membres d’équipage prouve qu’un sous-marin peut couler un bateau de pêche.
 
Le patron du Karen raconte avoir eu la peur de sa vie. «D’un coup, raconte Paul Murphy au Mirror, nous avons stoppé net et avons été tirés en arrière à environ 10 nœuds. Coup de chance, un des câbles qui tient le chalut a rompu, sinon on serait allé au fond.»

Le «Karen» à quai. Il a failli être coulé par un sous-marin. (Photopress Belfast)
 
Par deux fois devant la Chambre, le ministère de la Défense a nié toute responsabilité de la Royal Navy. Finalement, après une ardente campagne de presse, quatre mois après l’incident, la ministre de la Défense Penny Mordaunt a reconnu les faits. «L’équipage du sous-marin n’a pas identifié le Karen comme un chalutier en pêche et donc il ne lui a pas laissé l’espace nécessaire.»
 
Officiellement, le sous-marin, dont le type n’a pas été communiqué (stratégique ou d’attaque), ne s’est rendu compte de rien. C’est pourquoi il n’a pas fait surface comme l’impose le règlement.
 
Comme le «Bugaled»
On retrouve étrangement dans cette affaire tous les ingrédients qui ont conduit au naufrage du chalutier breton. On retrouve également les dénégations des officiels quant au rôle d’un sous-marin de la Royal Navy. Or, dans l’affaire du Bugaled Breizh, un sous-marin britannique, le Turbulent, présent sur les lieux, est fortement soupçonné. Ajoutons que la même mésaventure que le Karen est arrivée en mars 2015 à un chalutier écossais l’Aquarius, alors qu’il pêchait au large des Hébrides. Là encore, la Royal Navy nie toute implication.

Le 13 juillet 2004, l'épave renflouée du «Bugaled Breizh» est amenée à Brest pour expertises. (AFP/Fred Tanneau)
 
Tous ces incidents rafraîchiront peut-être la mémoire des militaires et des politiques, dans la procédure qui va s’ouvrir en Grande-Bretagne, en mars 2016. Faute d’aveux, on sait en tout cas que la Navy a un souci avec les chaluts des bateaux de pêche. Reste à savoir si quelqu’un osera briser l’omerta qui entoure l’affaire du Bugaled Breizh.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.