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Royal Baby : devant l'hôpital, "c'était formidable", "comme si c'est moi qui avais accouché"

 Pour la famille royale, la naissance du deuxième enfant de Kate et de William ouvre une nouvelle page de son histoire. Mais si ses protagonistes changent, les sujets du royaume, imperturbables, restent attendris et admiratifs face à ces êtres exceptionnels qui pourtant leur ressemblent.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz - Envoyée spéciale à Londres,
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des citoyens britanniques devant l'hôpital St Mary de Londres, le 2 mai 2015, après la naissance du second bébé du couple princier.  (  MAXPPP)

"Regardez ma bouche ! Je n'ai plus de salive, je suis asséché. Regardez mes yeux, ils sont rouges vifs !" John Loughrey étire ses paupières avec deux doigts. Effectivement, il n'a plus bonne mine. En tout cas, pas pour un monsieur enroulé dans un Union Jack reconverti en robe de chambre, affublé d'une pancarte recouverte de coeurs autour du cou. Samedi 2 mai, la duchesse de Cambridge a donné naissance à son deuxième enfant. Cette petite, John a passé deux semaines à l'attendre sur le trottoir, face à l'hôpital St Mary de Londres, attendant que Kate ne soit (enfin) admise. Ça valait le coup, John ? "Bien sûr !"

Mais forcément, quelques minutes après le départ de la petite famille dans une imposante voiture noire aux vitres teintées, les fans accusent le coup. C'est fini. Entre impatience et euphorie, les badauds, les Royal Watchers (inconditionnels de la couronne) et les touristes ont enfin rencontré leur princesse. Alors, ça fait quoi ?

"Je suis bien trop excitée pour fermer l'oeil cette nuit"

"Hier, il faisait si froid... Il pleuvait et la rue [où se trouve la maternité] était vide. C'était horrible. Le soir, quand je suis parti, comme tous les jours à 20 heures, j'ai dit à Margaret : c'est pour demain". A 79 ans, David Jones a eu raison de faire confiance à son intuition. Ce fan de la famille royale accompagne ici son amie Margaret Tyler, collectionneuse incontournable, connue pour détenir le plus grand nombre de souvenirs à l'effigie des Windsor. Un vrai pote, quoi ("Vous savez ce que ça fait de nettoyer 10 000 tasses ?", demande-t-il).

"Ce matin en arrivant, quand j'ai vu toutes les caméras, la foule, les journalistes....", il s'interrompt, ému. "C'était fantastique". Son seul regret : ne pas avoir pu offrir à Kate et William la bouteille de champagne qu'il a gardée dans un sac en plastique. "Ce sera pour le prochain Royal Baby", se résigne-t-il, sans intention aucune de la boire. Car "ce soir, nous allons dîner tranquillement, et nous reposer enfin", lance-t-il à Margaret. "Après cette journée, après cette attente, je suis bien trop excitée pour pouvoir fermer l'oeil", dément-elle.

Margaret Tyler et David Jones, fans de la famille royal, ont revêtu les couleurs de la couronne devant la maternité St. Mary's de Londres, le 2 mai 2015. (TOLGA AKMEN / ANADOLU AGENCY / AFP)

Car les fans ont souffert. Cette année, seule une poignée d'irréductibles a fait le pied de grue devant l'hôpital, les médias n'étant pas autorisés à s'y installer avant le jour J. "Viens-là, John ! Tu vas nous manquer !", lance Nadine, en étreignant le Royal Watcher fatigué. Cette Française, installée à Londres depuis plus de trente ans, vit à deux pas de là, dans le quartier de Paddington. Elle est venue ici tous les jours, pour rendre visite aux campeurs, et reconnaît qu'ils ont formé une petite famille. "Tout le monde se retrouve sur des évènements comme cela. D'ailleurs, ils ont l'habitude d'attendre comme ça plusieurs jours pour apercevoir la famille royale. Ils sont patients et très dévoués. Mais ça paye ! Même la Reine salut Margaret quand elle l'aperçoit dans la foule", s'enthousiasme la Française.  

Surtout, comme beaucoup ici, elle considère un peu la famille royale comme la sienne. "Je suis arrivée à Londres l'année du mariage de Diana et Charles". Elle qui a "un an de plus que Diana", a vu à ce même endroit la première apparition publique de William, puis de Harry, de George en 2013 et aujourd'hui, de la princesse. "Je suis contente pour William, parce que c'est un jeune homme très bien, gentil, sérieux, droit. Il a trouvé une épouse simple, belle et sympathique, c'est une bonne chose. J'espère qu'Harry trouvera quelqu'un comme Kate."

"C'est comme-ci c'était moi qui avais accouché"

"Kate !" — sans hésiter — est la membre de la famille qui plaît le plus à Shirley, Jenny et Evelyn, trois adolescentes appuyées contre les barrières qui font face à l'aile Lindo de la maternité. Elles n'ont peut-être pas attendu la sortie des stars du jour, mais elle sont restées un peu, pour voir. Entre les afficianados couverts de photos de Diana et les Républicains, elles appartiennent à cette catégorie de Britanniques simplement attachés à leur famille royale.

Shirley, 18 ans, sort tout juste de l'hôpital, où elle a fait soigner sa cheville, en vrac après une mauvaise chute. Alors "l'occasion était trop belle. Quitte à être dans le quartier, on va bien attendre un peu et avec de la chance, on pourra voir Kate et William. Et le petit George !", sourit-elle. Si les ainés ont une pensée émue pour la défunte princesse de Galles, les ados ont appris à porter la même affection sur sa descendance. Shirley croit même savoir que la famille royale est "plus populaire aujourd'hui que quand [elle était] petite".

Une popularité sans frontière, à en croire l'enthousiasme d'Emma et ses copines. "On dirait que c'est à moi que tout cela arrive. En fait, c'est comme si j'avais accouché, et je suis excitée de montrer le bébé au monde entier", s'étrangle-t-elle. Elle appartient à un groupe de cinq Américaines d'une vingtaine d'années, en transit à Londres, entre l'Afrique du Sud, où elles étudient, et la Californie, d'où elles sont originaires. "Royal Baby, tchi tchi tchi ! Royal Baby, tchi tchi tchi", chantent-elle en coeur, improvisant un hyme en l'honneur de la petite dernière de la famille Cambridge. Pressée contre les barrières, la bande éclate de rire : "Hey, on est les Royal baby-sitters !" Pour les caméras, Emma blague : "Ils doivent aussi l'appeler George, comme le premier ! Ou Emma, comme moi !" Volontairement, l'étudiante force le trait, agitant son drapeau flanqué du logo du magazine people Hello! : "Ok, je veux épouser George, voilà tout !"  

Cinq minutes parmi les badauds suffisent à comprendre que ce petit gars est une rock star. Quand son père, le prince William, le sort de la voiture pour l'emmener rencontrer sa petite soeur, le public se pâme comme pour un membre des One Direction. Les "il est tellllllllement miiiiiignon", les "ooooooh" et les "aaaaaaaah" fusent, alors que le petit garçon, impeccablement habillé et parfaitement coiffé, fait coucou de la main, puis disparaît derrière la porte de la maternité. Sympa, un cameraman montre ses images du royal grand-frère sur une tablette aux curieux moins bien placés : attroupée autour de l'objet, un groupe de dames s'émerveillent.

Ce tableau idéal a convaincu les adolescentes, les vieux de la vieille, déjà là pour la naissance de Charles, et les quelques trentenaires qui passent parfois en couple l'air de rien, tentant d'entrapercevoir une princesse. Mais plus que la fillette — ce "divin enfant" encore sans nom —, c'est la famille royale que tout le monde est venue saluer. Une histoire qui se répète inlassablement. Celle d'une famille hors du commun, dans laquelle tout le monde cherche à trouver un peu de soi-même. Quitte à poireauter des heures pour, avec un peu de chance, croiser de loin son regard. 

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