: Vidéo "Il y a une technique de torture qu'ils appellent le poulet rôti" : un rescapé revient sur son séjour dans la pire des prisons syriennes
A la prison de Saidnaya, considérée comme la plus effroyable des geôles syriennes, les gardiens pratiqueraient plus d’une centaine de méthodes de torture différentes, décrites par de rares rescapés. Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", voici le récit d'Hassan, libéré en mai 2018.
Diab Serriya, rescapé de Saidnaya, y a passé cinq longues années. Pour répertorier les crimes commis dans cette prison syrienne, il a constitué une base de données à partir de 150 témoignages. Il a répertorié autant de techniques de torture différentes. Mais il ne connaissait pas celle que lui décrit Haussas, un autre rescapé libéré en mai 2018, dans cet extrait d'"Envoyé spécial".
"Il y a une technique de torture qu'ils appellent 'le poulet rôti', parce qu'ils te font griller comme un poulet. Un gardien me mettait debout, tout nu, sur le sol carrelé, et il versait de l'eau sur mes pieds, avec du liquide vaisselle. Ensuite, il allait s'asseoir un peu plus loin, et il électrisait l'eau avec son bâton électrique." Le prisonnier sautillait sous l'effet de l'électricité et glissait à cause du liquide vaisselle. "Je me cognais partout, une fois à la tête, une fois à l'épaule, parfois je me cassais le poignet. C'était vraiment ignoble."
"Le geôlier demandait à un détenu de tuer son ami"
Le récit d'Hassan est essentiel, car il témoigne de crimes qui seraient toujours en cours. Et le "poulet rôti" n'est pas "la pire méthode de cette sale torture"… "L'un des pires moments, c'était quand le geôlier ouvrait la porte de la cellule… et demandait à un détenu de tuer son ami. Evidemment, s'il refuse, le geôlier les tue tous les deux. Et il devait le tuer en lui brisant le cou, ou en lui cognant la tête sauvagement contre le mur."
"Tous les jours, il y a des morts à Saidnaya, affirme l'ancien détenu, éprouvé par son récit. Il y a ceux qui meurent sous la torture, d'autres, on leur fracasse la tête contre le mur… il y a ceux qui meurent de maladie…" Hassan n'a pas de chiffres précis, mais il assure que "tous les jours, une ou deux personnes mouraient dans [s]a cellule".
Extrait de "Syrie, les rescapés de l'enfer", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 octobre 2018.
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