Syrie : Idlib risque de devenir la "prochaine Alep"
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a mis en garde alors que des milliers de civils sont en train d'être évacués vers cette ville tenue par les islamistes.
Le répit s'annonce sans doute de courte durée pour les rebelles d'Alep acheminés vers Idlib. Cette ville syrienne, en grande partie aux mains de groupes islamistes fondamentalistes, risque de devenir "la prochaine Alep" si aucun accord politique et aucun cessez-le-feu n'est conclu, a mis en garde jeudi 15 décembre l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
L'évacuation des civils et des combattants des quartiers Est d'Alep, pilonnés depuis des mois par l'armée syrienne et ses alliés, a débuté en direction d'Alep-Ouest et de la ville d'Idlib, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest d'Alep.
10 000 combattants et leurs familles acheminés vers Idlib
Jeudi soir, quelque 50 000 personnes se trouvaient toujours dans la partie orientale d'Alep, selon l'ONU. Sur les 50 000, "40 000 sont des civils qui vont aller à Alep-Ouest", expliqué Staffan de Mistura à la presse à l'issue d'une rencontre à Paris avec le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. "Pour ceux-là, nous devons être présents pour garantir qu'ils ne seront pas inquiétés", a-t-il ajouté, évoquant le risque de représailles.
Les 10 000 restants - parmi lesquels se trouvent entre 1 500 et 5 000 combattants et leurs familles - seront eux évacués vers Idlib, où le front Fateh al Cham (ex-Front al Nosra) est notamment très implanté.
La province est la cible des frappes aériennes de l'armée syrienne et de son allié russe, mais on ne sait pas encore si les forces gouvernementales syriennes vont lancer un assaut terrestre ou simplement chercher à contenir les rebelles dans cette zone.
"S'enfuir d'Alep ne veut pas dire échapper à la guerre"
L'International Rescue Committee (IRC), une ONG humanitaire, a dit craindre que les milliers de personnes arrivant à Idlib ne soient ensuite bombardées et assiégées.
"S'enfuir d'Alep ne veut pas dire échapper à la guerre, souligne Paul Donohoe, responsable des médias pour l'IRC. Après avoir été témoins de la férocité des attaques sur les civils à Alep, nous craignons, on peut le comprendre, que des sièges et des barils d'explosifs suivent les milliers de personnes qui arrivent à Idlib."
"Nous savons déjà qu'Idlib n'est pas une zone sûre en Syrie", a-t-il ajouté en évoquant l'attaque contre une école à Hass en octobre dernier qui a tué 22 enfants et six enseignants. Il a aussi déploré l'attaque, cette année également, de deux hôpitaux financés par l'IRC dans la province en 2016.
Des barils d'explosifs largués par hélicoptère
Début décembre, des frappes aériennes ont tué plus de 70 personnes dans la province, dont plus de la moitié dans un bombardement sur Maarat al Nouman, mené par des barils d'explosifs largués par hélicoptère.
La semaine dernière, un haut diplomate européen déclarait que les combattants rebelles avaient le choix entre survivre pour quelques semaines à Idlib ou mourir à Alep. Il résumait ainsi : "Pour les Russes, c'est simple. Mettez-les tous à Idlib et alors ils auront tous leurs œufs pourris dans le même panier."
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