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Un photoreporter français et une journaliste américaine tués en Syrie

Ils sont morts dans un bombardement mercredi, dans la ville rebelle de Homs. Marie Colvin avait 54 ans et Rémi Ochlik, 28 ans. Une journaliste française du "Figaro" a également été blessée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marie Colvin, journaliste américaine de 56 ans, et Rémi Ochlik, photoreporter français de 28 ans, ont été tués mercredi 22 février 2012 à Homs, en Syrie. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Deux journalistes occidentaux ont été tués à Homs, bastion de la répression syrienne, mercredi 22 février au matin. L'un d'entre eux est français. Il s'agit du photoreporter de 28 ans, Rémi Ochlik. L'autre est une journaliste américaine d'une cinquantaine d'années, Marie Colvin travaillant pour le Sunday Times et la chaîne CNN.

"Deux journalistes ont été tués quand les bombardements ont visé notre centre de presse dans le quartier de Baba Amr. Trois ou quatre autres journalistes étrangers ont été blessés", a indiqué dans la matinée un militant du quartier rebelle de Baba Amr, contacté par l'AFP via Skype. L'un des blessés est la journaliste du Figaro Edith Bouvier. "J'ai reçu deux appels de Homs ce matin m'apprenant qu'Edith Bouvier a été blessée aux jambes, nous nous efforçons d'organiser son évacuation", a déclaré Philippe Gelie, chef du service étranger du quotidien.

Selon The Guardian, le centre de presse informel était situé dans un appartement juste à côté de l'hôpital de Homs. Des témoins parlent d'une pluie de bombes et d'obus tirés vraisemblablement par de l'artillerie lourde. Selon le ministre de la Culture français, Frédéric Mitterrand, ils "ont en plus été poursuivis alors qu'ils essayaient d'échapper aux bombardements".

• "Politique de dissuasion" à l'égard des journalistes

Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux "deux journalistes assassinés". Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français, a estimé que le régime de Damas était "responsable et comptable de la mort des journalistes". Il a également demandé un "accès sécurisé" pour porter secours aux victimes. De son côté, Basma Kodami, membre du Conseil national syrien, estime que le régime de Damas mène "une politique de dissuasion" à l'égard des journalistes.

Juppé veut "savoir les conditions de ce meurtre" (FTVi / REUTERS)


Les Etats-Unis ont dénoncé mercredi en début d'après-midi la "brutalité" du régime. De son côté, Damas affirme qu'il n'était "pas au courant " de la présence en Syrie des journalistes tués.

• Rémi Ochlik, récompensé pour sa couverture du Printemps arabe

Né en 1983, Rémi Ochlik avait déjà près d'une dizaine d'années d'expérience dans le grand reportage. Son baptême du feu a eu lieu en 2004, avec un reportage en Haïti, comme le racontent Les Echos dans un portrait qui lui a été consacré, début janvier. Il a reçu à ce titre le Prix François Chalais du jeune reporter.

Le photoreporter français Rémi Ochlik. (LUCAS DOLEGA / MAXPPP)
L'an dernier, le photoreporter décide d'aller couvrir les révolutions arabes. Il publie notamment ses photos dans Paris Match. Ses reportages, également visibles sur son site internet, l'emmènent en Libye et en Egypte. Son travail a reçu, en décembre 2011, le premier prix du festival Scoop Grand Lille. Rémi Ochlik était en Tunisie avec le photojournaliste Lucas Mabrouk, mortellement atteint par le tir d’une grenade lacrymogène d’un policier tunisien l'année dernière, lors de la "Révolution de jasmin".



• Marie Colvin, un quart de siècle à témoigner des horreurs de la guerre

Née aux Etats-Unis mais basée à Londres, cette journaliste de 56 ans avait couvert en trente ans de carrière quelques-uns des conflits les plus sanglants ainsi que les récentes révolutions du Printemps arabe en Tunisie, en Egypte et en Libye. Depuis un reportage au Sri Lanka en 2001 et une explosion de grenade, elle portait un bandeau noir sur l'œil. 

Dans son dernier compte-rendu depuis la ville rebelle de Homs, envoyé quelques heures avant qu'elle soit tuée, elle avait décrit la mort d'un enfant blessé par un éclat d'obus. "Aujourd'hui, j'ai vu un bébé mourir. Absolument terrible." Elle était également intervenue mardi 21 février sur CNN :

 • Le souvenir de Gilles Jacquier

Le 11 janvier 2012, un journaliste de France 2, Gilles Jacquier, a été tué dans la même ville de Homs par un tir d'obus, au cours d'une visite encadrée par les autorités.

 

Gilles Jacquier, un journaliste expérimenté ( Loïc de la Mornais - France 2)

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