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Rapport d'Amnesty International : trois questions sur la prison syrienne de Saydnaya, "véritable abattoir humain"

L'ONG publie mardi un rapport accablant sur la prison syrienne de Saydnaya, près de Damas. Quelque 13 000 personnes y auraient été pendues en cinq ans. 

Article rédigé par franceinfo
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La prison militaire de Saydnaya se trouve à 30 km au Nord de Damas.  (DIAA AL DIN / ANADOLU AGENCY)

"Une véritable politique d'extermination". Les mots d'Amnesty International sont forts. L'ONG dévoile, mardi 7 février, un rapport accablant sur une prison gouvernementale syrienne, au nord de Damas : 13 000 personnes y auraient été pendues entre 2011 et 2015. Intitulé "Abattoir humain : pendaisons et extermination de masse à la prison de Saydnaya", le rapport de l'ONG se base sur des entretiens avec 84 témoins, au nombre desquels des gardiens, des détenus et des juges. Franceinfo revient sur trois points essentiels de ce rapport. 

A quoi ressemble la prison de Saydnaya ? 

La prison militaire de Saydnaya est l'un des centres de détention les plus importants du pays, situé à 30 km au nord de Damas. Des milliers de prisonniers y sont détenus, selon Amnesty.  L'ONG y accuse le gouvernement syrien d'y mener une "politique d'extermination", en torturant régulièrement les détenus et en les privant d'eau, de nourriture et de soins médicaux.

La prison gouvernementale syrienne de Saydnaya, près de Damas.  (AMNESTY INTERNATIONAL)

La plupart des victimes étaient des civils considérés comme des opposants au gouvernement du président Bachar Al-Assad.

Amnesty avait indiqué précédemment que le nombre de personnes mortes dans les geôles du gouvernement en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011 était estimé à 17 700. Le chiffre de 13 000 morts dans une seule prison traduit donc une hausse significative.

Quelles sont les conditions de vie des prisonniers ? 

"Effrayants". Voilà comment Amnesty qualifie les témoignages des prisonniers sur leurs conditions de vie. Certains ont été violés ou forcés de se violer les uns les autres. Des gardiens ont aussi nourri des détenus en jetant leur repas sur le sol de leur cellule, souvent maculé de saletés et de sang.

Des "règles spéciales" étaient également en vigueur dans la prison : les détenus n'étaient pas autorisés à parler et devaient prendre des positions particulières quand les gardiens entraient dans leur cellule.

Chaque jour, il y avait deux ou trois morts dans notre aile (...) Je me souviens que le gardien nous demandait combien nous en avions. Il disait : 'Pièce numéro un, combien? Pièce numéro deux, combien? et ainsi de suite'

Nader, ancien détenu de Saydnaya

Amnesty International

Selon Nader, un ancien détenu, après une journée particulièrement violente ponctuée de passages à tabac, 13 personnes sont mortes dans une seule aile de la prison.

Comment sont jugés les détenus ? 

Selon le rapport, au moins une fois par semaine, entre 2011 et 2015, des groupes pouvant aller jusqu'à 50 personnes ont été extraits de leurs cellules pour des procès arbitraires, battus puis pendus "en pleine nuit, dans le secret le plus total".

"Tout au long de ce processus, ils restent les yeux bandés. Ils ne savent pas quand et comment ils mourront, jusqu'à ce que la corde soit enfilée autour de leur cou", dénonce l'ONG.

Ils les laissaient (pendus) de 10 à 15 minutes. Pour les plus jeunes, leur poids n'était pas suffisant pour les faire mourir. Les assistants des bourreaux les tiraient alors vers le bas et brisaient leur cou

Un ancien juge qui a assisté aux exécutions

Amnesty International

Pour Amnesty, il s'agit de crimes de guerre et de crimes contre l'Humanité, qui perdurent probablement jusqu'à ce jour.

"Les horreurs décrites dans ce rapport révèlent une campagne cachée et monstrueuse, autorisée aux plus hauts niveaux du gouvernement, visant à écraser toute forme de contestation au sein de la population syrienne", a commenté Lynn Maalouf, directrice adjointe pour la Recherche au bureau d'Amnesty à Beyrouth.

"Le meurtre de sang-froid de milliers de prisonniers sans défense, qui vient s'ajouter aux programmes systématiques et soigneusement orchestrés de torture physique et psychologique dans la prison de Saydnaya ne peuvent pas continuer à être autorisés", a-t-elle estimé.

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