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Opération militaire turque en Syrie pour évacuer un mausolée et ses gardiens

L'armée turque a mené une opération dans la nuit, qualifiée d'"intrusion" par Damas. Explications. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un char turc passe dans la région d'Esme en Syrie, après que le drapeau turc a été planté sur les lieux de la relocalisation d'un tombeau d'un dignitaire ottoman, le 22 février 2015.  (FIRAT YURDAKUL / ANADOLU AGENCY / AFP)

La Syrie a immédiatement dénoncé une "intrusion". La Turquie a mené une vaste opération militaire en Syrie, dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 février, pour évacuer la dépouille d'un dignitaire ottoman, Souleimane Shah, et les 40 soldats qui gardaient son tombeau situé dans une zone tenue par le groupe Etat islamique.

Francetv info vous en dit plus sur cette opération polémique.

Comment s'est déroulée l'opération ? 

"Une opération a été lancée à 21 heures avec le passage de 572 soldats par le poste-frontière de Mursitpinar", , a expliqué Ahmet Davutoglu flanqué de son ministre de la Défense et du chef de l'armée. Une quarantaine de chars sont entrés en Syrie, protégés par l'aviation et des drones, dans le cadre de l'opération baptisée "Shah Firat", a-t-il continué, indiquant que l'opération s'était achevée sans qu'il n'y ait de combats.

"Les reliques du dignitaire turc ont été rapatriées temporairement en Turquie pour être inhumées ultérieurement en Syrie", a indiqué le Premier ministre. Une zone a été sécurisée en territoire syrien, à Esme, à 200 m seulement de la frontière turque, afin de transférer la dépouille du dignitaire turc à cet endroit dans les jours prochains. La relocalisation en sol syrien de ce tombeau revêt une importance politique et diplomatique pour Ankara qui souhaite montrer qu'il n'a pas "perdu" face aux jihadistes. 

Dans des images diffusées sur les chaînes turques, des soldats turcs plantent le drapeau turc sur le nouveau site qui doit abriter la tombe de l'ancêtre du fondateur de l'empire ottoman, mort dans le désert syrien au XIIIe siècle, alors qu'il fuyait devant l'avancée mongole.

Des soldats plantent le drapeau turc sur le lieu de la relocalisation de la dépouille de Soulemane Shah, le 22 février 2015 près d'Alep (Syrie).  (FIRAT YURDAKUL / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le Premier ministre s'est félicité du "bon déroulement" de l'opération militaire "comportant potentiellement d'importants risques". Toutes les troupes turques et le contingent gardant la tombe sont rentrés tôt dimanche en Turquie et tout ce qui reste de l'ancien lieu saint a été détruit.

Pourquoi ce tombeau est-il si important ? 

L'opération a été prise en raison de la détérioration de la situation autour de la minuscule enclave turque en plein désert syrien. C'est là que gît Souleimane Shah, le grand-père d'Osman Ier, fondateur de l'empire ottoman. Le régime islamo-conservateur au pouvoir en Turquie depuis 2002 voue un attachement particulier à l'empire ottoman sur les ruines duquel a été fondé la République de Turquie, en 1923.

Le tombeau, situé sur la rive de l'Euphrate, est considéré comme un territoire turc depuis la signature d'un traité entre la France, qui occupait alors ce territoire, et la Turquie en 1921. En 1973, la sépulture a été transférée plus au nord, en raison de la construction d'un barrage, mais la propriété est restée inchangée.

Le tombeau de Souleimane Shah vu d'un drone est projeté à Ankara (Turquie), le 22 février 2015.  (HAKAN GOKTEPE / ANADOLU AGENCY / AFP)
 

Quelles sont les réactions ?

Le principal mouvement d'opposition au parlement s'est indigné par cette relocalisation du mausolée, critiquant "un retrait présenté comme une victoire militaire par le gouvernement" islamo-conservateur turc. "Pour la première fois de l'Histoire de la République turque, nous perdons nos terres sans combattre, c'est inacceptable", a martelé le secrétaire général du parti républicain du peuple (CHP).

Le régime de Damas a qualifié d'"agression flagrante" l'incursion turque, accusant le régime turc de "fournir tout type de soutien aux bandes de l'Etat islamique, du Front Al-Nosra et d'autres groupes terroristes liés à Al-Qaïda".

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