"Les gens n'ont rien pour faire face à l'hiver" : la situation catastrophique dans le camp de déplacés de Rukban, à la frontière entre la Syrie et la Jordanie
Entre 50 000 et 70 000 personnes vivent dans ce camp, avec un accès aux soins très limité.
L'ONU espère pouvoir envoyer très prochainement un premier convoi humanitaire dans le camp de déplacés de Rukban, situé à la frontière entre la Syrie et la Jordanie. Pour la première fois, le régime de Damas a donné son accord de principe.
Il s'agit de l'un des pires camps de Syrie, où s'entassent entre 50 000 et 70 000 personnes, essentiellement des femmes et des enfants qui ont fui le régime. Elles vivent dans des maisons construites avec des briques de terre et des bâches en plastique.
Presque plus rien n'arrive dans le camp
Les déplacés ne reçoivent plus d'aide depuis janvier 2018. Aujourd'hui, l'arrivée d'une aide est indispensable, surtout à l'approche de l'hiver. "Les gens n'ont rien pour faire face à l'hiver, témoigne un enseignant. L'huile pour faire chauffer les maisons va être hors de prix et il n'y a pas de bois ici."
La situation à Rukban est qualifiée de désastreuse. Il y a presque un an, la Jordanie a coupé la route humanitaire du Sud. Il y a trois semaines le régime syrien a coupé les routes d’approvisionnement au Nord. Les prix grimpent. Presque plus rien ne passe. "Ils ont coupé les routes pour pousser les gens à passer du côté du régime", analyse cet enseignant.
Réponse médicale inappropriée
D’après l’Union des Organisations de Secours et de Soins Médicaux en Syrie, deux nouveau-nés et 15 adultes sont morts au début du mois d'octobre. Les conditions sanitaires sont alarmantes. Et la réponse médicale est inappropriée selon le docteur Ahmed Dbeis, un Syrien qui est en lien avec les soignants du camp. "Il n'y a pas de médecin, il n'y a que des infirmiers et des gens qui ont de l'expérience de premiers secours ou de premiers gestes, c'est tout", explique-t-il.
Rukban est donc un no man's land humanitaire. La Jordanie a depuis longtemps fermé sa frontière pour des raisons sécuritaires. Le régime est menaçant au Nord. Pour l’instant, les déplacés sont protégés par les Américains qui ont négocié une zone tampon dans ce secteur. Ces opposants au régime demandent maintenant un soutien international pour organiser un transfert vers les zones tenues par les Turcs ou les Kurdes.
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