Enfants rapatriés de Syrie : "Nous espérons que ce rapatriement signe un changement de la politique française", réagit Marc Lopez, membre du collectif Familles Unies
Marc Lopez, membre du collectif Familles Unies, regrette mardi sur franceinfo que la France ait "perdu du temps", après l'annonce du rapatriement de 35 enfants et 16 femmes du camp de prisonniers de Roj, dans le nord-est syrien.
"Nous espérons que ce rapatriement signe un changement de la politique française", a réagi mardi 5 juillet sur franceinfo Marc Lopez, membre du collectif Familles Unies, après l'annonce du rapatriement de 35 enfants et 16 femmes du camp de prisonniers de Roj, dans le nord-est syrien. Grand-père de plusieurs enfants retenus dans ce camp, Marc Lopez espère désormais le rapatriement de "tous les autres enfants" et regrette que la France ait "perdu du temps".
franceinfo : Pourquoi ces dossiers sont aussi sensibles et ces rapatriements aussi compliqués ?
Marc Lopez : Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi ces rapatriements sont compliqués, notamment quand il s'agit d'enfants qui pourrissent dans des camps depuis 3, 4, 5 ans et alors que d'autres pays, notamment européens, se sont mis à rapatrier depuis l'année dernière ces enfants qui sont, je le rappelle, totalement innocents, qui n'ont rien demandé et qui n'ont pas choisi de partir sur zone. Nous nous félicitons qu'enfin, la France rapatrie de nouveau des enfants. Il n'y avait eu aucun rapatriement depuis 18 mois alors que les autres pays ont rapatrié des dizaines et des dizaines d'enfants avec leur mère depuis 18 mois. Et nous espérons que les autres enfants vont être rapatriés extrêmement vite parce que tous les enfants sont vulnérables, tous sont blessés, traumatisés. On a perdu du temps. Les orphelins, qu'on vient de rapatrier, ça fait trois ans qu'ils étaient dans le camp. On aurait pu le faire avant. Ces années d'enfance perdues, personne ne va leur rendre. On espère maintenant qu'ils vont guérir, se reconstituer, avoir une vie normale et heureuse.
Si ces enfants sont innocents, ce n'est pas forcément le cas de leurs mères. Faut-il séparer, selon vous, les enfants rapatriés des mères ?
Nous luttons depuis plusieurs années pour que les enfants soient rapatriés avec leur mère. Ce n'est pas seulement nous qui le disons, c'est la Croix-Rouge, l'Unicef, les pédopsychiatres. Ça n'a aucun sens de séparer des enfants et leur mère. Comment est-ce qu'un enfant peut se reconstruire s'il imagine sa mère, quoi qu'elle ait fait, dans un camp, loin de lui, sans aucune nouvelle ? La Défenseure des droits, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, tous ont demandé qu'on rapatrie ces enfants avec leur mère. Toutes ces mères sont sous le coup d'une procédure judiciaire en France. Il n'y a plus rien qui s'oppose à ce qu'elles soient rapatriées. Nous espérons, en tout cas, que ce rapatriement signe un changement de la politique française à ce niveau-là et que tous les enfants vont être rapatriés avec leur mère.
Comment peut-on accompagner ces enfants, parfois élevés dans la haine de la France et le culte du djihad, à leur retour ?
Ces enfants n'ont pas été élevés dans la haine de la France et le culte du djihad parce que la plupart sont tout petits. Et la vie de ces enfants, pour les deux tiers, c'est la vie dans les camps. J'ai un petit-fils qui est né dans un camp, il a trois ans et demi, j'ai d'autres petits-enfants qui sont extrêmement jeunes. La plupart des enfants sont rentrés dans le camp lorsqu'ils avaient un an, deux ans, trois ans. Et pour ce que nous en savons, le rêve de ces petits Français, c'est d'avoir une vie normale, aller à l'école, avoir des copains, des loisirs et ne plus croupir dans un camp insalubre.
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