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Syrie : ce que l'on sait de l'attaque chimique qui a fait plusieurs dizaines de morts

La France a réclamé la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, après l'attaque chimique survenue dans la province d'Idleb en Syrie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Un homme victime de l'attaque chimique dans la province d'Idleb (Syrie), le 4 avril 2017. (AMMAR ABDULLAH / REUTERS)

Une nouvelle journée d'horreur en Syrie, mardi 4 avril. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes dans une attaque chimique à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, un fief de rebelles et de jihadistes du nord-ouest du pays. Franceinfo revient sur ce que l'on sait de la situation.

Que s'est-il passé ?

"Ce matin, à 6h30, heure locale, 5h30 heure de Paris, des avions militaires ont pris pour cible Khan Cheikhoun", a déclaré Mounzer Khalil, directeur des services de santé d'Idleb, lors d'une conférence de presse. "Nous avons entendu des bombardements. (...) Nous avons accouru dans les maisons et il y avait des familles mortes dans leurs lits. On a vu des enfants, des femmes et des hommes morts dans les rues", a raconté un témoin à l'AFP.

Le bilan de l'attaque varie selon les sources. L'OSDH évoque 58 morts et 170 blessés. L'Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) assure que 100 personnes ont été tuées et 400 autres intoxiquées.

Par ailleurs, quelques heures plus tard, un autre raid aérien a touché une clinique qui soignait les victimes de l'attaque précédente, selon le New York Times (en anglais) qui cite plusieurs témoins. Le principal hôpital de la ville était fermé à cause d'une attaque aérienne survenue quelques jours plus tôt.

Est-ce une attaque chimique ?

Selon l'OSDH, les victimes ont souffert d'intoxication ou d'évanouissement. Certaines victimes "ont les pupilles dilatées, des convulsions, de la mousse sortant de la bouche", a expliqué Hazem Chahwane, un secouriste interviewé dans l'un des hôpitaux de la ville. D'après des sources médicales, ces symptômes correspondent à une attaque à l'aide d'agents chimiques.

Par ailleurs, les attaques au chlore, très fréquentes dans le nord de la Syrie, ne tuent pas autant de personnes, précisent des sources médicales au New York Times. Avec le chlore, qui se dissipe rapidement, les personnes qui succombent sont souvent celles prises au piège dans un espace clos. Or à Khan Cheikhoun, au vu du nombre de victimes et des symptômes décrits par les médecins, ce sont d'autres agents chimiques ou toxines interdites qui pourraient être à l'origine de l'attaque.

Qui est à l'origine de l'attaque ?

L'opposition syrienne a accusé le régime de Bachar Al-Assad d'avoir mené cette attaque. L'armée syrienne a démenti toute implication. "Le commandement de l'armée dément catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun aujourd'hui. Il souligne qu'il n'en a jamais utilisé, à aucun moment, à aucun endroit et ne le fera pas dans l'avenir", a indiqué l'armée dans un communiqué publié par l'agence officielle Sana.

Par ailleurs, l'armée russe a annoncé n'avoir mené aucun raid aérien dans la zone touchée"Les avions de l'armée de l'air russe n'ont mené aucune frappe dans la zone de la localité de Khan Cheikhoun", a assuré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Quelles sont les réactions ?

Par la voix du ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, la France a demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après cette attaque. Le Conseil de sécurité se réunira en séance extraordinaire mercredi.

"Une nouvelle attaque chimique particulièrement grave a ciblé, ce matin, la province d'Idleb. Les premières informations font état d'un très grand nombre de victimes, y compris des enfants", a déclaré Jean-Marc Ayrault. "L'utilisation d'armes chimiques constitue une violation inacceptable de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) et un nouveau témoignage de la barbarie dont le peuple syrien est victime depuis tant d'années", a ajouté le chef de la diplomatie française en condamnant un "acte ignoble".

François Hollande a réagi à son tour dans un communiqué. Le président de la République évoque la responsabilité de Bachar Al-Assad dans ce "massacre" et pointe la "responsabilité morale" des "alliés" du président syrien.

La Maison Blanche a condamné une attaque "intolérable""L'attaque chimique perpétrée aujourd'hui en Syrie contre des innocents, y compris des femmes et des enfants, est répréhensible", a déclaré Sean Spicer, porte-parole de Donald Trump, dénonçant "un acte odieux" du régime Assad.

"Les nouvelles reçues aujourd'hui sont abominables. Cela nous rappelle tristement que la situation sur le terrain continue d'être dramatique dans nombre de secteurs de Syrie", a déclaré à la presse Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne. "Manifestement, le premier responsable est le régime, car c'est lui avant tout qui a le devoir de protéger sa population", a-t-elle continué.

Quant à la Turquie, dont la frontière jouxte la province d'Idleb, elle a condamné un "crime contre l'humanité" susceptible de faire échouer le processus de paix en cours à Astana, au Kazakhstan.  

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