"Tout est hors de prix, il n’y a pas de lois, pas d’institutions" : le Yémen plongé dans le chaos
Dans le sud yéménite, à Aden, les rues sont envahies par les déchets. Partout dans le pays, la famine guette et la colère gronde, tandis que les rebelles houthis consolident leurs positions.
À Aden, la colère est palpable. En cause, l’État, incapable d’assurer les services de base, comme l’éducation, la santé ou la sécurité. Le chaos s’est installé dans le pays. "La vie est très difficile ici, témoigne Ahmed, un pêcheur d’une soixantaine d’année. Tout est hors de prix, notre monnaie nationale n’a plus aucune valeur. Il n’y a pas de loi, pas d’État, pas d’institutions. On n’en peut plus, vraiment."
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Un pays au bord de la famine
Les rues d’Aden sont envahies de piles de déchet, dans lesquelles enfants et adultes fouillent pour trouver à manger. "C’est un pays pauvre qui doit importer à près de 95% tout ce dont il a besoin, explique le Dr Ghazali Babiker, de Médecins sans frontière. Si cela continue, on pourra parler bientôt de famine."
Une famine qui a déjà débuté dans le Nord, contrôlé par les rebelles houthis et soumis à un blocus imposé par l’Arabie saoudite. De nombreux déplacés ont pu fuir la capitale, Sanaa, pour rejoindre Aden. "Lors d’un reportage, témoigne Kamel, qui travaillait pour la télévision Yémen Today, je suis tombé sur une famille entière morte de faim dans sa maison. Il y a des mendiants partout dans la ville", raconte-t-il. "Les Houthis profitent de cette situation en recrutant des combattants parmi ces déshérités qui y voient un moyen pour gagner un peu d’argent pour nourrir leurs familles", poursuit le jeune journaliste.
La guerre s’annonce encore très longue
Les déplacés fuient surtout les combats entre les rebelles houthis et les forces loyalistes qui font rage sur la ligne de front, notamment à Ta'izz, plus au nord. Mohammed a survécu à ses blessures et est soigné actuellement à l’hôpital Djamouria à Aden. "J’étais à la maison lorsque les combats ont commencé, nous étions pris entre deux feux, témoigne-t-il. J’ai reçu un éclat d’obus dans le dos. C’était la panique, les avions bombardaient sans arrêt. Les affrontements étaient violents. J’ai pu sortir de là avant d’être évacué dans une ambulance." La guerre s’annonce encore très longue. Les rebelles houthis, après une expansion fulgurante, consolident tous les jours davantage le territoire qu’ils contrôlent.
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