Cet article date de plus d'onze ans.
Au Yémen, le sort tragique des migrants éthiopiens
Publié le 21/06/2013 18:28
Alors que l’Arabie saoudite ferme ses frontières, les migrants venus de la corne d’Afrique sont toujours plus nombreux à traverser la mer dans l’espoir d’une vie meilleure.
Mais pour nombre d’entre eux, le périple s’arrête avant, au Yémen où seuls la misère et les trafiquants les attendent.
Dans ce contexte, le rapatriement est l’unique issue.
Neuf photos illustrent ce propos.
Les habitants de la Corne de l’Afrique (Somalie, Djibouti, Éthiopie et Érythrée) ont toujours été très nombreux à franchir le détroit de Bab al-Mandab, «la porte des larmes», pour rejoindre les côtes du Moyen-Orient, et principalement l’Arabie saoudite via le Yémen.
Pour eux, le royaume wahhabite a toujours été un eldorado pour trouver du travail. Beaucoup espèrent y trouver des petits boulots comme vendeurs ou, mieux, devenir employés de maison dans des familles. (AFP PHOTO / TONY KARUMBA)
Depuis la démission du président Ali Abdallah Saleh en février 2012, le Yémen est confronté à d’importants défis, en particulier sécuritaire et humanitaire. Paradoxalement, cela permet aux milliers de candidats africains à l’exode d’entrer plus facilement dans le pays.
Mais depuis trois ans, l’arrivée d’immigrés double chaque année. Cette population représente aujourd’hui 1% de la population du Yémen.
Aujourd’hui, ce sont surtout des Ethiopiens qui arrivent en masse. En 2012, 84.000 ont afflué sur les cotes yéménites. (REUTERS/Khaled Abdullah)
Mais les conflits qui agitent le pays ont accentué la peur des Saoudiens de voir ces refugiés arriver chez eux.
Pour tenter de s’y opposer, Ryad a décidé de construire un mur. Cette barrière, longue de quelque 1.800 km, s'étendra de la mer Rouge, au sud-ouest, à la frontière d'Oman, au sud-est.
Les immigrés arrivent à Haradh dans la plaine côtière désertique de La Tihama en territoire yéménite, créant ainsi un goulot d’étranglement, à 20 km de la frontière saoudienne. Tous les trafics, drogues, armes et êtres humains, s’y concentrent. (REUTERS/Khaled Abdullah)
Le gouvernement du Yémen a mis en place des programmes pour rapatrier les Ethiopiens vers Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Mais les contraintes administratives retardent souvent la procédure.
En attentant leur retour définitif en Afrique, beaucoup sont logés dans des bâtiments de l'Autorité de l'immigration à Sanaa ou dans des cellules spéciales de la prison d’Amran. Mais ces bâtiments surpeuplés ne peuvent plus accueillir d’autres migrants. (REUTERS / Khaled Abdullah)
A la demande du gouvernement yéménite, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a ouvert un centre pour les personnes les plus fragiles. 3.000 personnes s’y rendent chaque jour.
Dans le même temps, l’OIM qui organisait par ailleurs des rapatriements « librement consentis », a dû suspendre ses vols en 2012 faute de moyens financiers. 10.000 personnes ont pu bénéficier d’une aide au retour. (REUTERS / Khaled Abdullah)
les migrants qui s’entassent par milliers vivent dans des conditions épouvantables. Beaucoup dorment à ciel ouvert sans nourriture ni aucun soins de santé.
Depuis le début de l’année 2013, l’OIM assure l’aide d’urgence médicale.
En 2013, faute de crédits suffisants, la distribution de repas gratuits a diminué de 90%. Seules les femmes et les personnes âgées reçoivent encore des repas.
De nombreux migrants affamés et sans aide médical finissent par mourir. (REUTERS / Khaled Abdullah)
Chaque mois, plus de 100.000 personnes qui échouent sur les rives du Yémen. Cette «marchandise humaine» devient alors la proie de gangs criminels organisés. De nombreux trafiquants et de passeurs profitent du désarroi des nouveaux arrivants pour leur extorquer leur argent.
Dès leurs arrivées, nombre de ces migrants sont kidnappés. Des rançons allant jusqu’à 1.000 dollars sont réclamées aux familles restées au pays. Pour que les familles acceptent de payer, les otages sont séquestrés et torturés. Les téléphones portables permettent de faire écouter les supplices en direct aux familles. Ceux qui refusent de payer ou qui essayent de s’échapper de cet engrenage sont alors assassinés.
Des ONG ont également cité des cas de trafics d’organes. (REUTERS / Khaled Abdullah)
Le sort des femmes est également tragique. Souvent violées, obligées de se prostituer, beaucoup disparaissent sans laisser de trace.
Des enfants, par milliers, essayent aussi de passer en Arabie. Mais leur sort n’est pas meilleur. Si l’Unicef essaye de sauver ceux qui se refugient dans son centre, beaucoup n’auront pas cette chance. Apres avoir été vendus par leurs familles ou kidnappés, ils seront envoyés dans le royaume pour y devenir mendiants. (REUTERS / Khaled Abdullah)
En avril 2013, le roi Abdallah Ben Abdelaziz al-Saoud a donné trois mois à tous les migrants en situation irrégulière dans son pays pour régulariser leur situation.
A la date butoir du 3 juillet, les contrevenants devront payer une amende ou seront jetés en prison. Les employeurs qui continueront à faire travailler du personnel non régularisés seront sanctionnés.
Beaucoup d’autres seront immédiatement expulsés du pays. Entre janvier et juin 2013, 200.000 personnes ont déjà été contraintes de quitter le pays.
Les clandestins représentent un quart des huit millions de travailleurs étrangers du royaume. (AFP PHOTO / FAYEZ NURELDINE)
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