Un cessez-le-feu en Libye pourrait être obtenu "d'ici quelques semaines", a affirmé jeudi Franco Frattini

Le ministre italien des Affaires étrangères a fait cette déclaration à l'issue d'une réunion du groupe de contact sur la Libye à Rome.

A l'ouverture de cette réunion Franco Frattini a annoncé "l'établissement d'un fonds spécial" pour aider les rebelles libyens à financer les besoins de la population des territoires libérés du joug de Kadhafi.

"Quelques semaines" pour obtenir un cessez-le-feu est un "temps réaliste", a affirmé M. Frattini, répondant à une question sur la radio italienne Radio Uno.

"Nous sommes conscients que le régime a encore des forces militaires et des arsenaux soutenus en majorité par des mercenaires, que l'OTAN a réduits d'environ 40%", a-t-il dit lors de la conférence de presse finale. "C'est un affaiblissement substantiel", a-t-il estimé.

Au vu de ces évaluations, M.Fratini estime que l'action de la coalition doit être une combinaison de facteurs avec "un processus politique sans (Mouammar) Kadhafi".

"Nous travaillons sur des délais rapides, afin que le régime comprenne qu'il n'y a plus de possibilité pour l'avenir", a-t-il expliqué, ajoutant: "La perspective est claire: cessez-le-feu et départ de Kadhafi qui abandonne le pays et le pouvoir".

Création d'un fonds spécial

Sous le nom de mécanisme financier temporaire, le "fonds spécial" "permettra à des fonds d'être transférés effectivement et de manière transparente au Conseil national de transition" (CNT), l'organe politique de la rébellion, a précisé M.Frattini.

Les Etats-Unis vont puiser dans les fonds du régime libyen bloqués sur leur territoire pour "aider le peuple" libyen, a annoncé, pour sa part, la secrétaire d'Etat américaine.

Les avoirs libyens bloqués aux Etats-Unis représentent plus de 30 milliards de dollars et ceux qui sont bloqués dans l'Union européenne sont estimés à une somme du même ordre de grandeur.

Hillary Clinton a appelé le monde à "accroître l'isolement" de Mouammar Kadhafi en refusant ses émissaires et en aidant les rebelles à établir des représentations dans le monde.

Le principe de ce mécanisme d'aide serait d'utiliser les avoirs du colonel Kadhafi et de sa famille gelés par l'ONU et l'Union européenne comme garantie pour ouvrir des lignes de crédit en faveur des rebelles.

Franco Frattini a annoncé que "déjà 250 millions de dollars" ont été "recueillis" pour l'aide humanitaire.

Accroître la pression économique
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a confirmé jeudi qu'il n'a pas de projet visant à armer les rebelles.

Il a, en revanche, plaidé pour une intensification des opérations militaires en Libye.

Le moyens d'accroître la pression économique sur Mouammar Kadhafi ont également été l'objet de discussions.

"Nous nous sommes mis d'accord pour étudier les moyens de renforcer la pression économique sur le régime Kadhafi pour l'empêcher d'exporter du brut et d'importer des produits pétroliers raffinés", a dit M.Hague.

Organisatrice de la deuxième réunion du groupe de contact, l'Italie a accueilli 22 pays participants, 6 institutions internationales dont l'UE, l'Otan et l'Organisation de la conférence islamique ainsi que 6 observateurs dont l'Union africaine et la Banque mondiale.

La prochaine réunion du Groupe de contact aura lieu aux Emirats arabes unis.

Réaction

Un porte-parole du gouvernement libyen a indiqué qu'appeler au départ de Mouammar Kadfai n'est "pas moral, pas légal et pas logique".